Il est banal de constater que les objets d'usage courant (le meuble pour se loger, le vêtement pour protéger le corps) se réfèrent à la jouissance. Les outils qui rendent ces objets accessibles (par exemple le briquet pour la cigarette ou la fourchette pour la nourriture) s'y réfèrent aussi indirectement, ainsi que la possession de ces objets et toutes les relations qui y contribuent. Il est étrange de remarquer que les plus grands philosophes se sont intéressés à l'usage ou l'utilité des choses selon leur fonction (la plume pour écrire, le marteau pour enfoncer le clou) mais pas à leur destination finale : la jouissance (lire un roman, contempler le tableau accroché au mur). Chez Heidegger, le Dasein n'a jamais faim.

La jouissance embrasse toutes les relations avec les choses, elle accompagne toute utilisation d'un objet, même quand il s'agit d'une entreprise complexe. Le terme, le but unique de toute activité, est notre existence même. C'est une pure dépense, une jouissance sans utilité, en pure perte.