L'être séparé se maintient tout seul dans l'existence. Il vit en-dehors de dieu, chez soi. L'âme est naturellement athée. Avant toute négation ou affirmation du divin, elle accomplit la séparation. Elle pose le moi comme moi, dans son égoïsme, par une rupture qui est celle de la pensée, du psychisme. Un être capable d'athéisme a le regard et la parole indépendants. C'est une gloire pour le créateur de l'avoir mis sur pied. Par sa volonté, il peut se dire premier par rapport à sa cause. Il est capable de sensibilité et de jouissance. Sa source est l'ego (égoïsme de la jouissance). L'homme s'affirme comme sentant, dans le sentir de la sensation qui démolit tout système, dans la jouissance du bonheur. L'athéisme ne s'épuise pas dans le formalisme d'une pensée abstraite. Il s'accomplit dans la plénitude de l'existence économique.

Mais le Même ne peut pas reposer sur lui en toute sécurité. Il ne peut rejoindre l'Autre que dans les aléas et les risques de la recherche de la vérité. La vie intérieure, le moi, la séparation sont le déracinement même, c'est-à-dire la possibilité ambivalente de l'erreur et de la vérité. La vérité suppose un être autonome dans la séparation. Elle est relation avec l'extériorité. Pour la chercher, il faut aller vers l'Autre à travers le désir.