Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 

 
     
Le moderne et son double                     Le moderne et son double
Sources (*) : La suspension de la voix               La suspension de la voix  
Nimos Kefa - "Déambulations dans l'espace vocal", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 21 décembre 1996

Le second temps de la modernité révolutionne la voix

   
   
   
                 
                       

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Il s'est produit quelque chose dont la source n'est pas claire. Ça remonte très loin. Dans la période 1890-1920, cette chose a pris de l'ampleur, beaucoup d'ampleur, un formidable tourbillon historique dont il n'existe aucune “vision d’ensemble”. Cette chose a beaucoup de facettes. Pour ma part, je la retiens par un angle : celui du rapport à la voix. C'est ce que j'appelle espace vocal, et sa dimension vécue est la perspective immédiate.

 

1.

Tout périodisation de l’histoire est contestable, car elle ne vaut que par rapport à une problématique. La mienne (ma problématique) est articulée autour d’un aller et d’un retour.

A l’aller, il y aurait l’écriture, c’est-à-dire la mise sous tutelle de l’oralité. Ce processus, dont les premières traces connues remontent à plus de dix mille ans (sans compter les dessins symboliques des hommes de la préhistoire), n’est pas encore achevé, comme en témoigne la large diffusion de l’illétrisme. Mais on peut soutenir sans trop de risque que, malgré ses trous, ses absences et ses manques, l’écriture a dominé l’histoire humaine pendant quelques milliers d’années.

Au retour, il y aurait toujours l’écriture. Non seulement elle ne s’efface pas, mais au contraire elle poursuit sa généralisation. La différence, c’est qu’elle n’est désormais plus seule à porter l’universel. Il y a autre chose : un retour de la voix. L’oralité revient à toute force. Certes, ce n’est pas l’oralité du départ. Celle-là est oubliée pour toujours. C’est une autre voix, une voix artificielle, (re)construite, digitalisée, médiatisée, spectralisée, etc etc.., une voix qui repousse encore plus loin l’antique oralité, une voix qui nous éloigne à sa façon de notre propre voix humaine, mais, quand même, une voix.

Pour être plus précis, disons que les deux ruptures dont je parle correspondent à deux passages de l’extensif à l’intensif. D’une part la sédentarisation humaine, du néolithique à l’émergence des villes, qui contient l’écriture comme cause et conséquence, et d’autre part l’urbanisation intensive, qui contient en germe un nouveau lien social marqué par une certaine présence envahissante de la voix, dont il reste à définir les caractéristiques. Ces ruptures sont des passages, c’est-à-dire des processus historiques qui durent plusieurs siècles.

La première époque débouche, après plusieurs millénaires, sur le monothéisme. Celui-ci est en quelque sorte son point d’orgue. Les sociétés d’écriture peuvent sans lui, mais la progression de l’abstraction écrite doit logiquement les en approcher.

La science reprend et élargit l’écrit, mais sous la forme d’une inscription directe dans le réel. C’est cette inscription directe, immédiate, qui entraîne le retrait du sujet que j’analyse par ailleurs.

Les deux ruptures déterminent trois grandes époques.

- Préhistoire, sociétés primitives.

- Prévalence agraire, même si les villes se développent, avec tout ce qui leur est associé.

- Prévalence urbaine. C’est l’époque qui commence vers 1900. Le sujet se retire!

Je vais me concentrer dans ce texte sur la période assez courte d’émergence de la période qui m’intéresse, et que je qualifie de seconde modernité parce que je n’ai pas d’autre terme. La seconde modernité est la “vraie” modernité, la première n’en ayant été que le prolégomène. Elle émerge massivement entre 1890 et 1930. Il y a entre les deux modernités une ambiguité, voire une duplicité.

Les symbolistes attendaient vers 1900 un bouleversement apocalyptique. cf Maeterlinck, Hugo Von Hofmannsthal, le symboliste russe Ivanov, qui pensait vivre une période de catastrophes et attendait un certain évènement. cf aussi les prémonitions de Dostoïewski, Soloviev, Nietzsche, Merejkovski, et André Bielyin : "Au sommet du col" et "Au revirement du temps".

 

2.

Il est généralement reconnu que la science moderne est apparue au 17ème siècle. C’est ce qu’on appelle la révolution galiléenne. Mais elle est restée pendant longtemps essentiellement théorique. Les premières grandes découvertes avec applications pratiques ont lieu fin 18ème - début 19ème siècle, et entraînent la première révolution industrielle. Si l’on excepte quelques pays comme l’Angleterre, celle-ci ne produit d’effet que dans la seconde moitié de ce siècle. Ce n’est donc qu’à la fin du 19ème que la science commence à s’inscrire véritablement dans la vie, et influence les comportements de manière significative. C’est ma thèse chronologique : les effets de la science ne sont effectifs qu’à partir de ce moment.

C’est lié à l’arrivée à maturité d’un grand nombre de champs de la société qui trouvent une nouvelle efficacité, comme la médecine (vers 1880)

L’inscription directe de la science dans le réel entraîne une perte de sens généralisée.

La culture actuelle repose sur une dissociation entre le vocal et le scientifique. Il y désormais deux cultures nettement dissociées : une culture vocale (espace vocal) et une culture scientifique. Le savoir est sommé de prendre la forme soit du vocal (informatique, simulations), soit du scientifique. Il manque un espace "discursif", dans lequel puissent se développer des champs du savoir accessibles pour le sujet. Le sujet, de plus en plus enfermé dans l'espace vocal, subit la science, et ne s'approprie pas les savoirs correspondants (il ne s'approprie plus aucun savoir, à part le bricolage, et encore, même le bricolage est prédigéré par l'industrie).

En 1896, la science remplace la matière par la théorie des électrons. Citer Kandinsky, bouleversé en 1896 (avant Einstein!) par la radioactivité naturelle découverte par Henri Becquerel. Pour Kandinsky, la désintégration de l'atome est l'effondrement du monde entier. Tout devient incertain. Le fondement le plus sérieux est une illusion. Grand tournant spirituel. La science positive est au seuil de la dissolution. Ebranlement émotif. Impression que l'objet lui-même se dissoud (Kandinsky en rêve en 1906-07). L'esthètique de Kandinsky est fondée sur la dissolution de l'objet. D'où crise spirituelle de 1896, et sa décision de devenir peintre.

La science arrive à une sorte d’achèvement (évidemment provisoire) avec la théorie de la relativité (1905). Einstein bouleverse la physique et devient légendaire dès 1922. Il a perçu le radicalisme de sa propre théorie, mais il a préféré s’en protéger en affirmant certains principes “traditionnels” sur l’objectivité du monde qui seront démentis par les faits. On n’entre dons dans la période “post-scientifique” qu’après 1905. Toute l’histoire de la science avant 1905 peut être considérée comme une préhistoire.

Dans le domaine de la logique, la première étape de la science a été le temps du métalangage. L’étape actuelle est celle de la redécouverte des paradoxes de l'autoréférence. Le langage-objet dans son évidence est mis en question (énonciation/énoncé). C'est le temps du sujet barré, partiel.

Disparition de la figure des grands savants universels. Le savant est remplacé par l’expert, c’est-à-dire quelqu’un qui ne détient qu’un savoir partiel. Il en résulte un changement radical du rapport au savoir.

Peu à peu, les trous dans le savoir sont devenus plus importants que le savoir lui-même.

La science a abandonné dans les années 1960-80 la priorité épistémologique de la simplicité, de l'ordre et de la régularité. cf la théorie du chaos déterministe. Sur la base du formalisme existant, le programme de la communauté scientifique évolue en fonction des intérêts sociaux. Il n'y a aucun déterminisme, mais changement de paradigme programmatique. Le programme sert de critère de choix dans les concepts formels et les algorithmes utilisés. On ne croit plus aujourd'hui au simple, mais au complexe, à l'aléatoire et à l'imprévisible [mais le système formel de base ne change pas pour autant]. La poussée désagrégatrice se manifeste dans différents domaines.

La philosophie traditionnelle prend la forme dégradée de l’érudition philosophique. C’est une sorte de nettoyage. Une nouvelle philosophie impliquée dans le discours se met en place.

Husserl a publié les "Recherches Logiques", qui ouvrent le chemin de la phénoménologie, en 1900-01.

 

3.

Il y a un certain retour de l’oralité, mais cette oralité est radicalement différente de celle de la première époque de la modernité, car elle marquée par la technique et le détachement de la voix. La voix est à la fois ce qu’il y a de plus humain, et un objet qui peut être reconstitué, qui tend à devenir un artefact.

Cela a été rendu possible par une formidable mutation de la technique, qui a fait de la voix une de prothèse artificielle, quelque chose d’équivalent à l’outil.

La seconde révolution industrielle est une prodigieuse hypostase des fonctions de la voix.

L’espace est devenu parlant. Un espace parlant est-il une chose radicalement nouvelle dans l'histoire? Il y a toujours eu des voix dans la nature, et l'espace a toujours été sonore. Qu'est-ce qui caractérise md2? A partir du cinéma, il y a de l'image qui devient parlante. Et ceci entraîne le fait que l'espace artificiel lui-même devient parlant. Cet espace est divisé, il perd son unité. Il y aura toujours d'une part, l'image, et d'autre part, le son. L'accolement restera essentiellement artificiel.

Le champ de la communication se constitue à la fin du 19ème siècle à travers les mêmes inventeurs pour tous les media (télécommunications). Téléphone, phonographe, cinéma, TSF, télégraphes, photo amateur, sont inventés par les mêmes : Edison, Wheatstone, Bell, Berliner, Charles Cros, Morse. La presse apparaît à la même époque : baisse des prix à partir de 1836, journaux populaires vers 1863. Invention de la rotative en 1865, linotype en 1884. Il y a donc en même temps émergence des media audiovisuels et des machines à communiquer. Fortes réticences à autoriser les media pour l'usage professionnel, puis familial. Mais la communication “audiovisuelle” finit par s’emparer de toutes les institutions, notamment de la famille.

En poésie, il y a d’abord le vers libre (symboliste), puis le mot-libre (futuriste), qui sont deux façons de plus en plus radicales de poser l’autonomie de la voix. Dès le Coup de Dé de Mallarmé (1897), toutes les conséquences philosophiques en sont tirées, et dès 1909 (premier manifeste de Marinetti), les effets de cette autonomie ont produits leurs effets les plus radicaux dans le vécu humain. Il ne restera à Dada (à partir de 1916) qu’à ramasser les morceaux.

Vers 1908-12, tout créateur culturel écrit sur les ondes et les vibrations. A propos des relations entre Kandinsky et le metteur en scène Georg Fuchs. C'est l'orientation du théatre musical de l'époque (par opposition au théatre parlé) : "construction directe sur le sentiment et les réactions physiques et psychologiques" (dit Kandinsky). Progression vers l'abstraction dans les pièces écrites par Kandinsky. L'homme est réduit à être un porteur de couleurs, et prononce des sons inarticulés ou incompréhensibles "comportant un grand nombre de a".

La présence massive de la musique témoigne du changement de notre rapport au monde. La musique devient une pratique familiale de masse à la fin du 19ème siècle. Il y a autant de pianos à la maison que de landaus. Chansons familiales, ragtime. Apparition du pianola (piano mécanique) (fin 19ème siècle). Orchestres symphoniques et opéras à partir de 1880, mais leur public quitte le centre-ville. D'où demande pour le phonographe, associée à l'image de la famille heureuse à partir de 1895. Chansons et ballades. Opéra enregistré à partir de 1902 (Caruso). Politique de vedettes.

Jazz à partir de 1914. L'émergence du disque de jazz et l'engouement pour la danse (vers 1914) accompagnent la naissance de l'espace communautaire Ctp. Les jeunes s'émancipent du carcan victorien. La passion de la danse stimule le commerce du disque. Apparition de l'obsolescence rapide des modes, de l'activité promotionnelle des éditeurs.

Nouveaux langages musicaux. En émancipant la dissonance, Schönberg contribue à construire un univers sonore égalitaire.En 1908, dans le "Livre des jardins Suspendus", Schönberg rejette la tonalité (mais il ne construira son nouveau système qu'après la 2è GM). Déjà dans Wagner, les forces du mouvement s'opposent à celles de l'ordre. Les tons et demi-tons ont tous la même valeur. Affirmation de l'érotisme et dissolution des frontières entre l'ego et le monde. Dès 1899 (Verklärte Nacht), flot de sons liquides et de vagues rythmiques, inconsistance cosmique. Ambiguité, incertitude.

Depuis 1913, il n'y a plus de distinction entre le musical et le non-musical dans l'univers sonore. En 1913, le futuriste Luigi Russolo le proclame dans "L'Art des Bruits". Réactions chez Debussy, Ives ou Messiaen, et aussi Bartok. En 1922, Klee célèbre l'oiseau mécanique dans sa Machine à gazouiller, et en 1924, Respighi mêle pour la première fois des chants d'oiseau à un orchestre. D'où prévalence des roulements, masses sonores et crissements, comme les bruits d'avion et de voiture. La musique s'est étendue jusqu'aux limites de l'espace auditif.

On a beaucoup cru que nous vivions à l’époque de l’image, mais c’est une erreur fondamentale. Nous vivons à l’époque de la voix. La coupure mdd date de l'enregistrement de la voix (1877) et non pas de celle de l'image (1816). Le fait d'"enregistrer" cad de reproduire l'image par un moyen mécanique restait dans la continuité de la Renaissance (comme si la Renaissance n'avait fait qu'anticiper la photo). Mais le reproduction de la voix est une vraie coupure. Rien ne l'anticipait. On a cru refaire avec la voix ce qu'on avait fait avec l'image (enregistrer et reproduire, comme une gravure), on a fait tout à fait autre chose, on a subverti la nature imaginaire même de l'image. Il y a ensuite rétroaction de la voix sur l'image. Le cinéma (image animée) est inventé sur le modèle du phonographe (son animé). Le cinéma serait-il une des conséquences (sur l'image) de la vocalisation de l'espace?

A partir de 1890, la photographie devient accessible à tout le monde, pour la prise de vue comme pour la diffusion. Kodak invente un appareil de poche muni d'un film souple. L'irrésistible prolifération des images commence. D'où l'apparition du Pictorialisme, qui veut instaurer une distinction élitiste.

J’analyse la télévision à partir de la voix, et non pas de l’image.

 

4.

L’essentiel de cette partie 4 est développé dans mon texte : L’espace vocal émerge vers 1890. Je n’en reprends ici qu’un résumé rapide.

Pour l’analyste, c’est l’histoire de l’art qui rend compte avec le plus d’efficacité de ce basculement essentiel, qui concerne la globalité de notre rapport au monde.

Pour créer les nouvelles formes, il faut briser les anciennes, les deux aspects vont de pair.

’ancienne perspective classique est balayée et remplacée par une nouvelle perspective, que j’appelle la perspective immédiate.

Comme je l’explique par ailleurs, la perception de l’espace tend à s’organiser autour d’un “trou esthésique”, c’est-à-dire d’une concentration extrême de sensations qui finit par toutes les insensibiliser.

Mais pour en arriver là, il faut d’abord affirmer un droit essentiel : le droit à la jouissance. C’est ce que font un certain nombre de peintres dans les années 1889-1905.

Le paysage moderne est l’ultime étape avant l’arrivée du paysage mental.

Rapport au temps : le Ctp est l’époque du présent-présent.

Rapport à l’espace : le paysage mental est (en France) le cubisme, mais c'est aussi, en Allemagne à la même époque, l'expressionnisme.

On n’habite plus le monde de la même façon.

Le trafic décuple à Paris entre 1891 et 1910. id pour les lieux de divertissement. La population parisienne passe de 2 millions vers 1875 à 3 millions en 1914. Métamorphose haussmanienne.

La peinture a créé une esthétique nouvelle au début du 20ème siècle, qui a fourni les principes d'une architecture nouvelle (comme le démontre le Bauhaus). MD2 correspond au remplacement de l'acier par le béton. Ce dernier devient pleinement calculable vers 1890 et prédomine dès le début du 20ème siècle. Le béton émancipe des contraintes techniques. Il repose le problème du style. Les considérations économiques, sociales, fonctionnelles, esthétiques reprennent le dessus.

L'histoire de l'habitation moderne commence avec l'appartement parisien de la fin du 19ème siècle.

A partir de 1890, le spectateur de théatre est solitaire dans le noir et le silence. C’est une innovation radicale dans le rapport au monde : on écoute et on regarde. Ecoute individuelle, privée [qui anticipe sur celle du cinéma]. Séparation du public et du spectateur (d'un côté parole et lumière, de l'autre silence et obscurité) = projection de la voix dans l'espace. cf Le sujet Ctp se vide de la voix pour la projeter dans l'espace. On éteint les lumières dans la salle à partir des années 1890. Anonymat et solitude face au comédien. Le public ne veut plus se divertir, mais entrer en contact avec l'art.

 

5.

Tous ces changements ont évidemment une traduction politique immédiate.

La Belle Epoque est le dernier feu de l'enthousiasme pédagogique et civique, au sens où l’on croyant encore dans les discours. La vie politique tend à se recomposer autour de la fonction de la voix.

La démocratie passe par une relation visuelle et vocale (audiovisuelle) avec l’homme politique.

Exemple de la fin de l’ancien régime en France (1879), qui coïncide avec le début de l’émergence de l’espace vocal. Celui-ci sera notamment marqué par l’affaire Dreyfus.

1890 est l’année du paroxysme de la violence anarchiste. L'Age d'or de la science apparaît comme l'époque des grands peurs et de l'absence d'idées directrices dans le domaine social et moral. Dans les années 1890, une série d'ouvrages sur la psychologie des foules (dont Le Bon en 1895) évoque la peur qu'en a le bourgeois.

Le cas des dictatures européennes (Italie et Allemagne) fondé sur l’usage de la voix est bien connu.

Analyser l’émergence du concept de laïcité.

La période 1893-1905 est la seule pendant laquelle la maçonnerie française est en prise directe sur les évènements politiques. 1893 : première élection où le régime n'est pas en cause. Période où la gauche est clairement majoritaire. Adhésion au positivisme scientifique et opposition profonde à l'Eglise. Culte du progrès sans limite. Point culminant du rationalisme = 1865-90. La politisation est postérieure. A partir de 1890, retour à des courants plus traditionnels (Wirth). 1910. Retour au Rite Ecossais Rectifié. 1913 = création de la GLNF. Après 1900 se créent les grands partis républicains qui prennent en charge la propagande de gauche.

La plupart des partis politiques et syndicats sont apparus dans la forme moderne en 1890-1910. Reclassement des forces politiques liées à l'Affaire Dreyfus. 1901 : radicaux. 1905 : socialistes.

La structure sociale est devenue illisible, incompréhensible pour les participants eux-mêmes. Vers 1900, le prolétariat est devenu "une partie de la société qui n'est pas une partie de la société", c'est-à-dire un objet étrange. On a tenté de l’intégrer par le socialisme, mais ça n’a pas marché. Il est encore plus étrange aujourd’hui, et il n’y a pas que lui, de nombreuses catégories sociales sont insituables (comme les SDF diplômés par exemple).

Déconstruction des positions sociales, notamment par le cinéma.

L'instabilité de la bourgeoisie libérale explique la prévalence du sujet psychologique dans la Vienne Fin de Siècle. La victoire des forces racistes et nationalistes à Vienne en 1895 marque la fin du siècle du progrès.

 

6.

Le monde de 1900 se rétrécit. Il n’y a plus de nouveaux territoires à conquérir.

Il y a institution du capitalisme en tant que discours. Ceci suppose que :

- le capitalisme comme modalité de l'échange a existé historiquement avant de s'instituer en tant que discours.

- la coupure mdd correspond à la "prise" du discours capitaliste comme lien social.

Dans la période considérée, les empires coloniaux sont gelés. Ils disparaîtront quelques dizaines d’années plus tard, et seront remplacés par les “impérialismes”, c’est-à-dire des occupations intensives et non pas extensives du territoire.

Le rapport à la nature change radicalement, dans le sens d’une élimination totale dont les écologistes, qui veulent gérer la nature sur très long terme (développement durable) sont devenus les principaux vecteurs.

Changement radical du rapport à la machine, qui devient post-énergétique et dissymétrique.

La puissance d'anéantissement du Ctp n'est plus dirigée vers l'extérieur (md1), mais vers l'intérieur (md2), le malaise dans la civilisation atteint des sommets. C’est la crainte de l’autodestruction, de l’autoélimination de l’homme.

 

7.

Ces évènements sont liés à la mise en place d’un nouveau discours, qui était en préparation depuis les origines de la modernité, c’est-à-dire la renaissance.

Pour ce qui concerne la sexualité, le basculement s’est fait à la fin du 19ème siècle. [Il y avait eu une anticipation à l’époque de la révolution françoise, mais la réaction victorienne montre qu’elle était prématurée]. L'apogée de la syphilis se situe entre 1885 et 1914. Lié au thème de la femme fatale, piège de contamination. C'est aussi l'apogée de la prostitution. Peur de la syphilis héréditaire, des tares familiales et de la contamination d'innocents.

La “permissivité perverse” s’est généralisée à toute la société dans les années 1960. C’est long par rapport à 1789, mais rapide pour quelque chose qui concerne la morale et n’évolue par essence que lentement.

Brouillage de la frontière entre l’interdit et la transgression.

La nouvelle dialectique entre l’amour et le sexe peut être suivie de près en regardant l’évolution du cinéma. Dans ce domaine, ce sont aussi les années 60 qui sont les années de rupture, avec d’extraordinaires anticipations comme par exemple Métropolis de Fritz Lang.

L’émergence de la pensée freudienne (1898) est le plus extraordinaire symptôme de la nouvelle époque. Le jour où le père de Freud est mort (1896), le père symbolique a été entraîné avec lui pour toute la société.

Il y a une évolution radicale de la place et de l’image de la femme. La femme idéale n’est plus la mère ni la femme fatale, mais la jeune fille, légère et éventée.

La problématique de l'inconscient est un attracteur de sphères diverses. C’est une problématique qui nait vers 1850-60 à la charnière de la neurophysiologie, la psychologie, la philosophie, les phénomènes paradoxaux, la psychiatrie dynamique (vers 1870). Ce foyer a un pouvoir d'agrégation.

La psychanalyse contribue à mettre en place dans les années 50 les idéaux de l'époque : amour réussi, authenticité, non-dépendance. Ce sont les idéaux de la mise en oeuvre du DDJ, de son démarrage en tant que système dominant dans le social. Ces trois idéaux ont un rapport essentiel avec la pathologie : médecine, prophylaxie, orthopédie. D'où le développement des psychothérapies. Ce rapport MD1 est toujours bien vivant, mais la critique qu'en a faite Lacan est corrélative d'une nouvelle éthique dans laquelle :

- l'amour se sexualise, s'érotise, s'incestise. C'est sa dimension sexuelle qui devient normative aux dépens de sa dimension d'harmonie et de réalisation de soi-même,

- l'authenticité se dissoud dans les normes de la consommation,

- la non-dépendance s'appuie essentiellement sur l'argent (libéralisme).

Passion du divertissement.

La notion du “loisir” émerge dans l’époque considérée. Le cinéma est inventé en 1895.

Le sport moderne est inventé en 1896 (Jeux Olympiques d'Athènes).73. On entre dans ce qu’il est convenu d’appeler la “société de consommation”. Entre 1900 et 1920 se développent la consommation de masse du phonographe, du téléphone, de la presse et de l'automobile.

La drogue n’est qu’un aspect parmi d’autres d’une évolution générale des modes de consommation.

L’extension des drogues est liée à la désintrication des pulsions que j’analyse par ailleurs.

Le rapport à l’argent va évoluer concomitamment. Son immanence à la société coexistera avec sa dématérialisation. L'argent (md2) n'est plus situable sur une échelle bien/mal (md1).

Ce ne sont pas que des aspects de la vie qui changent, c’est la structure même du discours.

 


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