Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

Les collectes de l'Orloeuvre
   
     
Le récit de l'Orloeuvre                     Le récit de l'Orloeuvre
Sources (*) : Une hantise qui vient               Une hantise qui vient
Ouzza Kelin - "Les récits idviens", Ed : Guilgal, 1988-2018, Page créée le 5 mars 2000

 

Scene (Andres Na gel, 1897) -

Le retour de Danel Qilen

Là où "il faut" que les controverses s'inscrivent

Le retour de Danel Qilen
   
   
   
                 
                       

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L'Orloeuvre est un texte, mais c'est aussi un lieu avec une adresse (le 231bis, quai de l'Idve) qui sert aussi de nom (le Quai), et un nom d'usage : le loft. Pour les besoins du récit, ce lieu a été rendu visible, situable dans l'espace : un vieux bâtiment du XVIIème siècle, au bord de ce qui est aujourd'hui un canal. Dans les années 1950, c'était une usine de matériels et de verres optiques. Quand le propriétaire du bâtiment, Bendito Sapintza, a interrompu son activité, le local a servi de salle de réunion, de galerie d'art et aussi d'entrepôt. Mais Bendito le trouvait sombre, mal agencé. Il a alors décidé d'abattre ou de restreindre certaines cloisons entre le rez-de-chaussée et le premier étage et de créer un vaste patio auquel tous les niveaux seraient reliés par des passerelles en pente ou des escaliers en colimaçon. Les espaces ont été diversifiés, certains restant clos (les bureaux et l'habitation du deuxième étage), d'autres étant partiellement ou totalement vitrés. La controverse n'étant jamais unique, il a fallu aménager des lieux d'intimité relative qui permettent aux discutants de ne pas se perturber les uns les autres. Mais comme toutes les controverses sont liées (ce qu'on appelle, en théorie littéraire, l'intertextualité), il a fallu aménager des couloirs de transition et des sas - si bien qu'en circulant d'un point à un autre, on peut avoir le sentiment que l'espace se métamorphose. Les matériaux des toits ont eux-même été changés pour laisser largement pénétrer la lumière, en préservant l'opacité des vitres, indispensable à la discrétion des lieux. Seules les caves et un grenier témoignent encore de l'ancien état des lieux.

Il est difficile de savoir quels projets ou quelles idées ont contribué aux commencements de l'expérience. Si une déclaration a été faite, ou si un acte de fondation a été écrit, ils n'ont pas été conservés, ou s'ils l'ont été, ils se confondent avec les premières controverses de l'Orloeuvre. Bien que les orloviens n'aient rien d'autre en commun que leur nom, différentes dénominations sont utilisées, selon l'époque et les personnes. La tendance, quand on écrit sur le web, est de nommer le lieu par ce qui s'y trame. Disons que l'Orloeuvre n'est pas vraiment une oeuvre, mais plutôt une tâche, et que la tâche a fini par prévaloir sur le lieu. Mais le lieu, traversé par différents passages qui ouvrent les uns sur les autres, n'est pas essentiellement différent de l'Orloeuvre. Tout tourne autour d'une salle en forme d'anneau qui, comme tout anneau, n'a ni point de départ, ni point d'arrivée. Quel que soit l'endroit où l'on se trouve, il passe au moins une galerie, et souvent plusieurs.

A première vue, le loft ressemble à un lieu de discussion, de conversation ou de bavardage. Assis sur un tabouret, vautré sur un divan ou accoudé sur une table de bar, on peut en effet y parler de tout : du dernier film, de ses vacances, d'un blog, d'un tweet ou des théories à la mode (et même de politique, bien que ce dernier mot puisse avoir, dans ce contexte, un sens assez particulier). C'est pourquoi la comparaison la plus évidente qui vienne à l'esprit est celle d'un vaste salon où l'on cause. Mais il y a une différence essentielle entre le bavardage du Quai et un salon, c'est que les conversations s'y écrivent. Je ne veux pas dire que toutes les conversations s'écrivent toujours, ni qu'elles s'écrivent toutes de la même façon. Ce serait contraire à l'inspiration même du Quai. Je ne veux pas dire non plus que chacun s'amuse à prendre des notes. La discussion occupe assez largement les esprits, et il serait difficile de parler en même temps. Je veux dire qu'il existe toujours un certain nombre de dispositifs qui peuvent être mis en route pour produire ce qu'on appelle une archive. C'est lorsqu'elle est archivée que la controverse devient controverse, ce qui n'est jamais garanti.

- Valentin : Jamais personne ne m'a demandé de le faire, et moi je ne me suis jamais demandé pourquoi je le faisais, mais il fallait que je sois à cette place. Bien entendu la question technique s'est posée, mais seulement après.

- Amalqa : Cette combinaison extraordinaire entre l'oral et l'écrit, c'est ce qui fait notre force, notre capacité de survie.

 

 

L'usage à la fois courant et très singulier du mot controverse est une particularité du Quai. En effet le plaisir nait du débat, de la discussion, de la conversation et du bavardage, tandis que la controverse orlovienne se caractèrise par un souci de continuité et d'inscription qui tourne parfois à l'obsession. On sait que l'archivage est disparate, il peut être sonore, automatique, manuel ou décalé dans le temps, mais il faut que tout se passe comme si les controverses étaient écrites (en d'autres termes, leur écriture effective n'est pas une obligation; d'ailleurs aucune obligation n'a jamais été clairement associée à l'Orlœuvre). Cette inscription peut transiter par différents moyens électroniques, elle peut se traduire par des systèmes de rémanence ou de remémoration qui ne font que prolonger l'échange vocal. Mais il est clair qu'une discussion qui continue à avancer, sans conciliation ni synthèse, laisse un certain genre de trace que d'autres pourront peut-être, un jour, récupérer et relancer dans l'intense travail de réaménagement et de fabrication qui se déploie et se déplie sur les bordures du loft, là où se confondent le dedans et le dehors. Dans cette zone où les inscriptions se retrouvent et se croisent, ça s'écrit.

- Madjiguène : On nomme hypertopos un lieu toujours mouvant, toujours en trop, en excès, illocalisable. Un tel lieu est sans lieu, ce qui revient à dire que s'il est hypertopique, il est aussi atopique. Or ce lieu dont nous parlons, que nous avons pris l'habitude de nommer le loft, est indescriptible justement parce qu'il réunit ces deux excès, a- et hyper-topos. S'il survit, au 231bis quai de l'Idve, c'est en tant que Chose sans présence, impossible, interdite, qui arrive sans arriver et qui pourtant, comme tu peux le constater, lecteur, de tes propres yeux, a vraiment lieu.

- Sergueï : Certains préfèrent désigner les controverses par le mot hébreu mahloqet. Ils se rattachent de cette manière, de façon peut-être un peu trompeuse, à une tradition beaucoup plus ancienne.

 


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