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Il y a eu deux révolutions coperniciennes en histoire. La première à l'époque des Lumières, quand on a cherché à lui appliquer la méthode scientifique. La seconde au 20ème siècle quand l'historien a renoncé à la fiction des "faits objectifs" et a reconnu que nous ne pouvons reconstituer le passé qu'à partir du présent. On ne peut s'appuyer que sur une mémoire sans certitude. C'est comme si nous sortions du sommeil. L'historien procède par trouvailles, à partir de traces et d'images dont il ne conteste pas le caractère anachronique. Le passé étant définitivement perdu, il faut renoncer à toute substance d'un "autrefois" et accepter l'idée que l'histoire est hystérique, c'est-à-dire qu'elle ne se constitue que si on la regarde. On la raconte comme un récit, ou comme on monte un film d'animation (Exemple : Valse avec Bachir).
Les historiens professionnels résistent à la seconde révolution. Ils veulent préserver les catégories positives de leur objet d'étude. Mais ils doivent se résigner. L'objet "histoire" n'est lisible qu'indirectement, à travers des symptômes, des spectres, des images ou des récits parcellaires. Chaque image est porteuse d'une mémoire, et aussi d'un destin.
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Propositions
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- Le désir de l'historien est suspendu entre un passé comme objet de perte et un passé comme objet de trouvaille
- [L'objet des disciplines historiques n'est pas le passé, mais un agencement, un montage du temps : la mémoire]
- La révolution copernicienne en histoire, c'est qu'"Autrefois" n'est plus un point fixe à approcher, mais quelque chose à établir par le travail du ressouvenir
- La révolution copernicienne de l'histoire a consisté, chez Benjamin, à passer du point de vue du passé comme fait objectif à celui du passé comme fait de mémoire
- Pour montrer la figure de l'horreur, il faut prendre ses distances, dynamiter les genres ("Valse avec Bachir", film d'Ari Folman, 2008)
- La philosophie des Lumières s'est appuyée sur la méthode scientifique pour révolutionner l'histoire (Bayle)
- Les catégories d'art et d'histoire sont des obstacles épistémologiques pour l'historien d'art
- Bien que l'anachronisme soit le péché des péchés pour un historien, il n'y a d'histoire qu'anachronique
- De même que Proust commence l'histoire de sa vie en sortant du sommeil, chaque présentation de l'histoire doit commencer par le réveil, elle ne doit même traiter de rien d'autre
- I wish I Knew, histoires de Shangaï (Jia Zhang-Ke, 2010) - Il n'y a pas une histoire de Shangaï, mais des histoires divergentes, dont aucune ne conduit au présent d'aujourd'hui
- Avec la photographie, on laisse revenir ce qu'aucune anamnèse, aucune Histoire ne peut restituer : la science impossible de l'être unique
- Il n'y a d'histoire de l'art que de symptômes - l'étrange conjonction de durées hétérogènes
- Walter Benjamin place l'image au centre originaire et tourbillonnant du processus historique
- Avec l'image, l'histoire est démontée et restituée comme un montage qui la montre en mouvement
- Il faut interroger les images non pas seulement selon leur histoire, mais selon leur destin
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