Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, l'adresse                     Derrida, l'adresse
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 2 sept 2014 Orlolivre : comment ne pas parler?

[Derrida, l'adresse]

Orlolivre : comment ne pas parler? Autres renvois :
   

Derrida, la confession et ce qui s'en suit

   

Derrida, envois, destinations

   

Derrida, itérabilité, marque, re-marque

Derrida, la prière

                 
                       

1. Un Oui primaire.

Il y a, avant les mots, avant même la langue, tout près du cri inarticulé, un Oui qui marque l'adresse à l'autre. C'est un Oui primaire, incompréhensible et ineffaçable, qui ne nomme, ne décrit, ne désigne rien. A chaque énonciation, geste, parole ou interjection, il est invoqué, appelé. Ce "je" minimal (dont dérive le "je" du conscient ou de l'inconscient) reconnaît qu'il y a de l'autre et du langage, que ce langage lui parvient, qu'il l'entend et qu'il peut être entendu. Toute affirmation, assertion, constat, promesse ou serment présuppose ce Oui qui s'adresse à l'autre, cet autre qui a déjà dit Oui, pour lui demander de dire Oui - un Oui redoublé, un Oui Oui qui acquiesce à la venue d'un autre Oui, d'un Oui tout autre. En disant Oui, le "je" s'engage, il signe, il répond à l'interpellation de cet autre en lequel il croit.

 

2. La prière.

On ne peut pas s'adresser à quelqu'un sans quelque prière implicite : Je te prie de m'entendre, de t'intéresser à moi; et on ne peut pas prier sans s'adresser à quelqu'un, à un "Qui" dont la présence n'est jamais assurée. Même si celui auquel on s'adresse est tout proche, même s'il est visible, il est toujours possible qu'il n'écoute pas ou qu'il fasse semblant d'écouter. Il en résulte que toute prière s'adresse à un absent. Quand J.D. évoque la sienne, sa prière, lui qui passe pour athée, il fait allusion à un idiome absolument privé qui s'adresse à un Qui inconnu, incalculable, innommable. C'est une prière intérieure, secrète, silencieuse, intraduisible, une apostrophe qui suspend tout savoir, y compris sur celui qui prie. Il ne s'adresse pas au Dieu de l'onto-théologie mais à un Dieu qui excède toute souveraineté, dans des termes qu'il faut chaque fois réapprendre.

Jacques Derrida tend à isoler cette adresse dans sa pureté. Toute demande, supplication, appel, est un acte de langage performatif qui sollicite l'autre, que cet autre soit Dieu ou n'importe quel autre. Dans cette pure prière, ce qui compte est la demande faite à l'autre que la prière soit entendue, reçue. Au-dela de la demande et du don, elle ne demande que la promesse de la présence de l'autre comme autre. Alors que la louange qualifie Dieu et le détermine, la prière comme telle n'attribue rien. Pour s'adresser à l'altérité de l'autre, elle n'exige aucune détermination. Elle ne parle pas de, mais à. C'est un pur mouvement, dépourvu de tout prédicat. S'adresser à l'autre comme tel, c'est accepter par principe que cet autre reste incertain, indéterminé. Détruire cette incertitude, l'interdire d'avance, ce serait prendre le risque du mal radical.

 

3. Un seul, plus d'un.

Chaque fois, une phrase s'adresse à un seul, un unique; mais chaque phrase est itérable. Elle pourra toujours s'adresser à un autre (un autre autre), autrement, à plus d'un autre ou à plus d'un nom, ou à un autre nom resté secret. Cette césure décisive de l'écrit, cette destinerrance, tient à la structure du langage, à la scène d'écriture en général. De renvoi en renvoi, on ne sait plus qui parle ou qui écrit, qui adresse quoi à qui. Sans cette indétermination, cette stricture, il n'y aurait pas de pensée, ni de philosophie. Le discours apocalyptique prend acte de ce déraillement structurel, ce dérèglement de la police des destinations.

 

4. Une demande de pardon.

Que l'adresse vienne de l'autre à moi, de moi à moi ou de moi à l'autre, elle exige la confiance. Comment s'assurer de cette confiance? Si l'autre ne contresigne pas l'envoi, il est impossible d'exclure, dans quelque parole que ce soit, le mensonge, le parjure, le faux témoignage ou la trahison, y compris venant de soi-même.

Pour que les paroles soient crédibles, il faut commencer par demander pardon. Quand je dis "je", ce mot est toujours ambigu. Ce peut être un "je" singulier, un "je" universel, général, ou un "je" tout autre; il peut s'adresser à ce "tu", mais il peut aussi, en secret, changer de destinataire. Il peut, au dernier moment, substituer une autre adresse, une autre destination, et c'est la racine du parjure.

 

 

 

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Propositions

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"Oui oui"; tout discours est entre deux "oui", celui qui s'adresse à l'autre pour lui demander de dire oui, et le oui d'un autre, déjà impliqué dans le premier "oui"

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On ne peut prier sans s'adresser à quelqu'un (un "Qui"), et on ne peut pas s'adresser à quelqu'un sans quelque prière implicite

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La pure prière s'adresse à l'autre comme autre en ne lui demandant rien d'autre que de donner la promesse de sa présence - sans avoir à le déterminer ou le qualifier

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La prière suppose une suspension (epokhè) de la certitude, du savoir, de l'économie, du calcul - au nom de la croyance

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Dans une prière se mêlent un rituel codifié, énoncé dans le langage commun, et une adresse absolument singulière, secrète, idiomatique et intraduisible, à un "Qui" indéterminé

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Pour en appeler à une politique de l'amitié, il faut s'adresser à l'autre comme tel - par la mise en oeuvre d'une force performative qui ne puisse compter sur aucune assurance

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La théologie négative ne peut échapper à la rhétorique du renoncement au savoir que par la prière, l'apostrophe, l'adresse à l'autre, à un "toi"

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Un "oui" primaire, incompréhensible et ineffaçable, marque avant la langue et dans la langue qu'il y a de l'adresse à l'autre

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Etant exposée à une violence ou un abus toujours possibles (faux témoignage, mensonge, parjure, trahison, etc...), toute adresse à l'autre commence par une demande de pardon

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La substitution du "je" au "je" est la racine du parjure, car je peux toujours, au dernier moment, changer l'adresse en secret

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Il est toujours possible qu'une lettre n'arrive pas à destination; et si l'autre ne contresigne pas l'envoi, il y a possibilité de parjure ou de trahison

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La destinerrance d'une phrase, c'est qu'elle s'adresse chaque fois à un seul - mais il est impossible qu'elle ne s'adresse qu'à un seul, elle s'adresse à plus d'un

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En disant "Oui", je m'engage et je signe, je réponds à l'interpellation d'un autre en lequel je crois

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Dans la césure décisive de l'écrit, sa destinerrance, se joue la pensée et l'expérience du voyage

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Il y a en nous un nom avant le nom, un prénom absolument secret à quoi (à qui) l'autre s'adresse, et qui répond en nous

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Figures privilégiées de tout ce qui est soumis à stricture : le ligament tendu, la corde tissée ou tressée, la bande, et aussi le ton : hauteur de voix et qualité de timbre

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Une assurance qui détruirait d'avance la possibilité de s'adresser à l'autre comme tel, ce serait le mal radical; c'est ce sur quoi, avant tout, on ne désire ni ne doit pas vouloir compter

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Le discours apocalyptique détraque la police des destinations, il défie la recevabilité établie des messages

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La structure de la scène apocalyptique est aussi celle de la scène d'écriture en général : de renvoi en renvoi, on ne sait plus qui parle ou qui écrit, qui adresse quoi à qui

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Rien ne serait arrivé à la philosophie sans l'errance de ce nom, si son sens ou sa référence originels avaient été garantis

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