Derrida
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de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Derrida, les droits                     Derrida, les droits
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Pierre Delain - "Les mots de Jacques Derrida", Ed : Guilgal, 2004-2017, Page créée le 30 juin 2013

[Derrida, les droits (droits humains, droits de l'homme)]

Autres renvois :
   

Derrida, l'humain, l'humanisme

   

Derrida, la loi, le droit

   
                 
                       

1. Aux sources des "Droits" de l'homme et du citoyen, des paradoxes..

La Déclaration des Droits de l'homme et du citoyen, dont les 17 articles ont été adoptés du 20 au 26 août 1789 avant qu'elle ne soit ratifiée par le roi dont elle constitue la dernière ordonnance, est paradoxale. D'un côté, elle est constative. En vertu du droit naturel, qu'il les ait exercés ou non, l'homme possède déjà, depuis toujours, certains droits. Mais d'un autre côté, elle est performative. Les hommes ne naissent et demeurent libres et égaux en droit et la loi ne doit être la même pour tous qu'à partir du jour de la Déclaration, et du fait de cette Déclaration. Au moment de la Déclaration, ils ne le sont pas encore. Les Droits s'inscrivent dans le pli entre ce déjà et ce pas encore. S'ils prennent force de loi, c'est nécessairement dans un rapport de pouvoir, en s'appuyant sur la garantie de l'Etat.

Il y a dans l'égalité de droits, affirmée par la démocratie, une autre ambiguité. Si le fondement de cette égalité est naturel, s'il tient à la naissance (fraternité), alors il exclut tous ceux qui ne partagent pas cette connaturalité (les humains non frères et aussi les non-humains,les animaux). La mystique de l'égalité devant la loi peut conduire au populisme, à l'ethnocentrisme, à la xénophobie.

 

2. Souveraineté, ipséité.

La déclaration des droits de l'homme affirme le privilège absolu de l'humain. En se nommant, l'homme se donne à lui-même sa propre fin; il se reconnaît lui-même, se boucle sur lui-même, tourne autour du retour à soi. Sa souveraineté est universelle, incalculable, inconditionnelle et exceptionnelle, et aussi, en même temps, spéculaire et autoréférentielle. Elle est injustifiable, de l'ordre du sublime, tout en étant proclamée raisonnable, rationnelle, sur un mode qui ne peut jamais être celui du calcul. Dès l'origine, elle est en concurrence avec les souverains, les princes et les Etats nations.

 

3. Des "droits" toujours équivoques.

On retrouve cette situation paradoxale pour d'autres droits. Exemples :

Y-a-t-il un droit à la philosophie? S'il y en avait un, et s'il était "naturel", il faudrait qu'aucun savoir particulier ne soit nécessaire pour l'exercer. Mais pour qu'un tel droit ne soit pas simplement "formel", il faudrait aussi que les conditions de son exercice soit remplies, que soit enseignée une langue, un contenu philosophique à partir desquels la philosophie et le concept de "droits" puissent être interrogés. Faire droit à la philosophie, ce n'est pas seulement reconnaître la compétence des experts et des professions habilitées, c'est aussi et surtout accorder la priorité au non-légitimé, à l'illégitime.

On peut appeler "droit de regard" une relation ambiguë à l'image. D'une part, depuis la psychanalyse, la photographie, les réseaux, l'open data, ce droit est devenu un ordre, une dimension de la loi. Un regard spectral, invisible, a tous les droits, y compris un droit de regard absolu. Mais d'autre part, il entraîne une révolte, il conduit à définir de nouvelles normes, de nouveaux pouvoirs, une autre éthique préservant le secret.

Accorder aux animaux des "droits" analogues à ceux des humains, ce n'est pas les reconnaître dans leur singularité. C'est les assigner à une philosophie du sujet qui leur est étrangère.

 

4. Les droits à venir.

Chaque fois qu'au nom de l'universalité des droits de l'homme on questionne la souveraineté nationale, chaque fois qu'on évoque certains concepts qui vont au-delà de cette souveraineté comme le crime contre l'humanité, l'abolition de la peine de mort, ou encore la ville-refuge, on le fait au nom d'un autre "propre de l'homme" ou d'un concept des droits déjà promis, mais pas encore pensé, pas encore inventé, qui ne peut l'être qu'à partir de ce qui arrive, aujourd'hui.

Ainsi en est-il aussi du livre à venir. A-t-on le droit de l'appeler livre? Il faudrait pour cela que soit légitimé ce qui n'est encore ni connu, ni reconnu.

 

 

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Propositions

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Le discours des Droits de l'homme est paradoxal : par un acte de langage (la Déclaration), il instaure des droits dont il constate qu'ils sont naturels à l'homme

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La dignité incalculable, dont le seul exemple chez Kant est la personne humaine - à la fois fin en soi, universelle et exceptionnelle - reste l'axiomatique des discours des droits de l'homme

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Il faut, pour rendre effectifs les Droits de l'homme, une inscription dans le cercle du pouvoir

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Dans la fraternité ou la citoyenneté, un lien mystique, obscur, fonde en nécessité l'égalité de droits sur l'égalité de naissance - ce qui peut justifier la pire xénophobie

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Les droits de l'homme, c'est le droit à se reconnaître soi-même comme homme en faisant retour sur soi de façon spéculaire, auto-déictique, souveraine et autotélique

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En déclarant un "droit à la philosophie", on présuppose l'existence d'un contenu philosophique, que ce "droit" autorise à ignorer ou excéder

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Pour avoir "droit" à la philosophie, il faut être formé à la langue philosophique telle qu'on la parle, avec l'expérience des traductions inter- et intralinguistiques

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Faire droit à la philosophie, c'est accorder la priorité au non-légitimé, légitimer par privilège ce qui paraît illégitime

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Une éthique qui reconnaîtrait aux animaux des "droits" analogues à ceux des humains resterait dogmatique et narcissique, dans la dépendance d'une philosophie du sujet

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[Derrida, le droit de regard]

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Le "droit de regard" est ambigu : c'est une autorité abusive; et c'est aussi la révolte contre cette autorité

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Avec la "ville-refuge", ce serait un nouveau concept de Ville qui pourrait émerger, un autre droit d'asile, une autre hospitalité qui transformerait le droit international

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Chaque fois qu'on se réfère aux droits de l'homme au-delà de la souveraineté de l'Etat-Nation, c'est au nom d'un "propre de l'homme" promis à une pensée qui ne se pense pas encore

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La question du "livre à venir" n'est ni celle de l'écriture, ni celle du support, ni même celle de l'oeuvre : c'est celle du droit à appeler "livre" une certaine totalité

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