Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Nudité, regard, désir                     Nudité, regard, désir
Sources (*) : Georges Didi - Huberman               Georges Didi - Huberman
Georges Didi-Huberman - "Ouvrir Vénus - Nudité, rêve, cruauté", Ed : Gallimard, 1999, p86

 

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[La nudité fait surgir l'objet du désir comme investi par le regard; en ouvrant le corps, elle met l'être en mouvement, sur un fond d'horreur et de cruauté]

   
   
   
                 
                       

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Selon Kenneth Clark, les Grecs de l'Antiquité auraient introduit une nouveauté radicale dans la représentation du corps : en détachant le Nu idéal (esthétique, cultuel, répondant à certains canons de proportion du corps) de la nudité courante (usuelle, inesthétique, non conforme aux canons), ils auraient produit une forme idéale dont les artistes de la Renaissance se seraient inspirés. Georges Didi-Huberman prend le contre-pied de cette thèse. A partir de tableaux de Botticelli où des figures nues sont représentées : La Naissance de Vénus, Mars et Vénus, La Déploration du Christ, La Calomnie d'Apelle, Histoire de Nastagio degli Onesti, il soutient que la nudité en art se présente toujours sur le fond d'une menace, d'une inquiétude, voire pire : d'un sentiment d'horreur et de cruauté. Aby Warburg soulignait déjà l'empathie produite par la Vénus botticellienne. On peut soutenir à sa suite qu'il n'y a pas de nu sans pathos.

Quel est le trait ontologique fondamental de la nudité? En se déshabillant, en retirant ses vêtements, on enclenche une opération désirante qui ne s'arrête pas là. Quelque chose se montre, est rendu visible, mais il reste autre chose qui se dérobe et ouvre vers un monde secret. Le spectateur est suspendu à ce glissement, cette provocation. Une autre ouverture déconcertante, inconvenante, se cache derrière la première. Pour penser ensemble la beauté d'un corps visible et la blessure qui l'ouvre, il faut un travail psychique : renoncer au toucher, au contact corporel, aux fentes, aux poils et aux imperfections. L'harmonie se construit sur ce fond conflictuel, qui implique l'humiliation de la personne nue, le sacrifice de la chair, la profanation et la souillure du corps, l'angoisse de la vulve ouverte, l'effraction de la peau, l'effroi devant la castration.

Même dans l'art le plus élaboré [ou le plus académique comme chez Ingres], on ne peut ni séparer la forme du désir ni déculpabiliser complètement la nudité sexuelle. Il y a toujours de la sensualité dans la beauté, du désir inconscient dans la représentation. C'est cette nudité-là qui attire le regard.

 

 

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Propositions

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On peut comprendre la nudité comme un glissement vers quelque chose qui se dérobe sans trêve, une ouverture vers un monde secret

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On appelle "nudité artistique" le produit d'un travail psychique qui fait penser ensemble (1) la beauté d'un corps visible (2) la blessure qui l'ouvre, sa cruelle effraction

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On ne peut pas regarder un Nu botticellien comme une forme idéale de l'art : il n'est figurable que sur le fond d'une menace, d'une inquiétude mortelle

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Partagé entre l'idéal de la beauté classique et son goût insatiable pour le sensuel et le singulier, Ingres réussit, dans le "Bain Turc", à concilier l'érotisme et l'esthétique

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Le Nu grec (nude) s'est efforcé, comme la "Vénus des Médicis", de se débarrasser de la nudité (nakedness) - mais il est impossible de séparer la forme du désir

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Dans "La naissance de Vénus" de Botticelli, l'horreur de la castration est déplacée sur la pudeur de la déesse nue

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En ouvrant le monde, en mettant l'être en mouvement, la nudité ouvre aussi, non sans cruauté, le corps à la blessure et au désir

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Dans "La Calomnie d'Apelle" (vers 1494-95), Botticelli a voulu montrer que la Vérité nue, détachée du désir, ne pouvait qu'être mise à mort

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Dans ses Nus féminins, Rubens ne sacrifie jamais le tactile au visuel

 


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