Comment l'ange est-il entré dans cette pièce sans portes? Sans doute a-t-il traversé le mur qui se trouve derrière lui. Ce passage l'a sanctifié, de même qu'il a transfiguré l'hymen de la Vierge. Plus tard, après la Nativité, on constatera qu'elle est toujours intacte, comme le mur. La couleur rouge de sa robe, qui domine dans son alcôve, est celle de la matière et du sang, tandis que le bleu, couleur de son manteau extérieur, domine vers le ciel et dehors. Le rideau (auloaeum) entrouvert auprès de son lit redouble l'urne matricielle (olla). Près de son ventre déjà rond, sa main est posée sur un livre ouvert, tandis qu'elle a laissé à côté d'elle un autre livre ouvert, celui des exégètes.

L'espace entier est une figure de la Vierge elle-même, le lieu du mystère. Sur le mur de gauche, la fenêtre géminée évoque le M de Marie et aussi l'idée d'un temple, d'un lieu sacré. Plus bas un pan de marbre rouge, fait de pigments projetés comme sous la Sainte Conversation de Fra Angelico, est inclus dans un fond vert-bleu. C'est un indice à l'état pur, un vestige, la trace d'une dissemblance, restée proche des ailes de l'ange. En contemplant cette fresque, le croyant pouvait voir l'acte mystérieux d'une traversée invisible de toutes les parois : voiles, textures, vêtements, entre lesquels la lumière rejaillissait.

Cette Annonciation a été peinte par Agnolo Taddei dans une chapelle construite vers 1385-95 pour abriter une relique, le Sacro Cingolo, la ceinture de la Vierge.

Dans une autre Annonciation, hypothétiquement attribuée au même Agnolo Gaddi, l'ange est symboliquement resté de l'autre côté du mur.