Derrida
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TABLE des MATIERES :

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 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Le "faire œuvre" ambigu d'Antonin Artaud                     Le "faire œuvre" ambigu d'Antonin Artaud
Sources (*) : La pensée derridienne : ce qui s'en restitue               La pensée derridienne : ce qui s'en restitue
Jacques Derrida - "Artaud le Moma - Interjections d'appel", Ed : Galilée, 2002, p32 L'oeuvre derridienne, vaccin contre le pire

[Oeuvrance d'Antonin Artaud : Il y a "oeuvre" quand on peut faire survivre le mal fait]

L'oeuvre derridienne, vaccin contre le pire Autres renvois :
   

Derrida, le musée

   
   
Derrida, Artaud Derrida, Artaud
Derrida, le mal               Derrida, le mal    
                       

Antonin Artaud a donné à l'un de ses dessins le titre : La maladresse sexuelle de dieu. A propos de ce dessin, de son titre et du texte qui l'accompagne, Jacques Derrida interroge : "Quand y a-t-il oeuvre? Et oeuvre d'art?" La question est posée au dessin d'Artaud, et rien ne prouve qu'elle s'adresse à l'oeuvre d'art en général. Mais puisque le signataire de ces lignes est Jacques Derrida, nous pouvons les lire en nous demandant si la question n'est pas posée, aussi, à propos de l'oeuvre derridienne.

"Quand y a-t-il donc oeuvre, et oeuvre d'art? Quand et où? Où situer, virtuellement, pour cet acte de maladresse volontaire, pour cette malfaçon ou pour ce mauvais coup, un lieu d'accueil et de rassemblement, un mur d'église ou de musée? Qu'arrive-t-il à l'instant où le mal est fait, le mal satanique ("Satan, c'est moi" disait-il)? Que reste-t-il à l'instant où le mal est bien fait, le mal aussi de la "maladresse" et de la "malfaçon", le mal du "mépris des formes et des traits", le mal de la destruction de l'art et de son lieu, voire de son archive, de sa conservation cumulative, de sa reproduction et de son exposition? (...) A l'instant où le mal est fait, bien fait, il relève son chaos, il se garde jusque dans la discordance, il garde la trace du coup porté dans un contre-coup ou dans un coup redoublé, il sauve ainsi sa dissonance dans quelque "consonance" (Artaud le Moma, p32).

Ce coup, dit Derrida, est un coup redoublé, un coup double.

1. Pour faire oeuvre, il faut être maladroit. Artaud tire fierté de cette maladresse qui opère comme un coup, un mauvais coup, une sorte de malfaçon qui tombe sur celui auquel il s'adresse, qui l'apostrophe, qui s'y attaque. Recevant ce coup, le voyant, le lisant, le spectateur doit se sentir touché par le message ou l'insulte. Se voulant délivré de toute réserve, Artaud assigne à l'autre la même délivrance. Avec ses dessins, il s'introduit par l'oeil au-dedans de son corps, veut changer son organe, le priver de sa position objectivante, le forcer à abandonner sa place de voyeur contemplatif. Il faut pour cela aller vite, procéder avec hâte, éviter la finition, revendiquer la maladresse, récuser tous genres, tout support, substance ou surface stables.

2. Mais cette dissonance jetée sur l'autre, il faut aussi la garder. Artaud veut détruire l'art, mais il tient aussi à garder la trace de cette destruction. Il est dégoûté par la répétition, mais il tient à redire ce dégoût. A l'instant même où il porte un coup sur l'art, il garde l'archive de ce coup. Au moment où il répand le chaos, il le relève. Tout en hurlant la dissonance, il la sauve dans une consonance. Tout en affirmant que son art est sans oeuvre (pure existence, chair, vie, théatre, cruauté), qu'il est sans langage (les mots sont chantés, criés, soufflés), sans trace, sans différence, il les institue.

"Quand y a-t-il oeuvre, et oeuvre d'art? quand et où?" demande Derrida. Artaud répond, à sa façon. Il faut que chaque geste, chaque mot ait une double valeur : perforer-blesser-détruire / réparer-cicatriser-faire oeuvre. Cette duplicité constitutive, qui sauve la mémoire de l'autodestruction, doit absolument être préservée. Une oeuvre qui se stabiliserait serait une trahison; mais cette trahison, on ne peut la conjurer que par l'oeuvre. Telle est la fonction du subjectile : un support qui apaise, mais reste unique; un fond qui se retire, mais ne se dissoud ni dans l'oeuvre ni dans le système des Beaux-Arts. La tombée est un tombeau, mais son mouvement ne s'arrête jamais, elle continue à chuter.

C'est ainsi que le théatre de la cruauté, cet acte vivant, vocal, peut se tranformer en dessin et finir, comme toute oeuvre qui se respecte, au musée.

3. "Quand y a-t-il oeuvre, et oeuvre d'art? quand et où?" Derrida semble, à la fois, associer et dissocier les deux possibilités, "oeuvre", "oeuvre d'art". Dans le cas d'Artaud, il y a tentation de la conserver, de la garder, et elle se pose alors comme oeuvre d'art, quasiment divine; et dans le cas de Derrida, cette tentation existe aussi, et elle se pose alors comme oeuvre philosophique, oeuvre idéalisante, académique. Mais dans les deux cas, il y a cette affirmation du mal, de la malfaçon, de la maladresse. N'a-t-on pas accusé Derrida de mal écrire, d'être incompréhensible, de mépriser les normes et les formes qui méritent d'être conservées? Le coup fait mal, et le mal est fait, c'est bien fait, dit Derrida qui insiste avec ses italiques. Et pourquoi, en quoi est-ce bien fait?

"Il s'agit donc de faire vivre et survivre le mal fait, ce qui est mal fait et ce qui fait mal, cela même qui signe la fin de l'art, à savoir de l'esprit" (Artaud le Moma, p33).

Ce qui est bien fait, c'est que le retentissement de ce coup restera visible, il en restera quelque chose, l'oeuvre, et en même temps une certaine gloire (l'art, la philosophie, qui sont tous deux crevés par Artaud et Derrida, mais où ils s'inscrivent).

 

 

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Propositions

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En promettant un art sans oeuvre, un langage sans trace ni différence, Artaud aura voulu détruire l'ordre dualiste, l'histoire léguée de la métaphysique

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On peut nommer "pictogramme" ce qui s'entend à traverser les limites : entre peinture et dessin, dessin et verbe, espace et temps, les arts spatiaux et les autres, etc.

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Chaque geste, chaque mot d'Artaud a une double valeur : perforer-blesser-détruire / réparer-cicatriser-faire oeuvre

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Plus que l'oeuvre, ce qui importe est l'expérience de l'oeuvre, le mouvement d'où elle vient

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Par ses oeuvres, Artaud entend conjurer tout ce qui les trahit : le subjectile, le système des Beaux-Arts, le supplément étranger

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Une oeuvre qui se stabiliserait serait une trahison, mais cette trahison, on ne peut la conjurer que par l'oeuvre

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Artaud doit expulser, forcener, mettre hors sens le subjectile, support parergonal de l'oeuvre, pour que l'oeuvre ait lieu

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Pour Artaud, le lieu du surgissement de l'oeuvre est d'avant le langage, avant même la naissance

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Chaque dessin d'Artaud porte un coup, s'attaque à son destinataire en installant violemment la chose même dans son oeil

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Artaud a voulu effacer la répétition en général, qui était pour lui le mal; seuls le geste ou la parole qui n'ont lieu qu'une fois et qui sont oubliés sans réserve sont dignes de son projet

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Le subjectile (jeté/jetant) se fonde et s'institue dans le mouvement où il devient le support de l'oeuvre

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Le subjectile est le corps unique de l'oeuvre, en son premier événement, qui ne se laisse pas répéter

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Au nom de la souveraineté de la parole et du corps, Artaud cherche un salut par la destruction de l'oeuvre - mais c'est un salut onto-scato-théologique

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Ce qui fait oeuvre, c'est l'arrêt du trajet, l'apaisement du subjectile, l'interruption d'un jet qui garde la trace d'une brûlure mais donne consistance à ce qu'il attaque

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Le subjectile, fond sans fond, se retire à l'infini derrière les figures, mais jamais complètement : il y a toujours plus de fond, de la figure vient en plus

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Comme le mur d'église, le musée est un subjectile : lieu d'accueil et d'accumulation qui garde la discordance, la relève et la sauve dans une consonance

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Chez Artaud comme chez Marx, l'oeuvre est la métonymie de Dieu ou du Démiurge : ce faussaire qui insinue la différence aliénante entre moi et moi

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