Derrida
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TABLE des MATIERES :

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Yosef Yahim Yerushalmi                     Yosef Yahim Yerushalmi
Sources (*) :                
Yosef Hayim Yerushalmi - "Le Moïse de Freud, Judaïsme terminable et interminable", Ed : Gallimard, 1993,

Le Moïse de Freud, Judaïsme terminable et interminable (Yosef Hayim Yerushalmi, 1993, paru en anglais en 1991) [MF]

   
   
   
                 
                       

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Table

p17 : Prélude à l'attention de l'auditeur.

p25 : I. La quatrième humiliation.

p55 : II. Sigmund Freud, historien juif.

p84 : III. La religion du Père, la religion du Fils e l'"affaire nationale juive".

p116 : IV. Une histoire de cas?

p154 : V. Monologue avec Freud.

 

Appendices.

p191 : I. Freud, Introduction à Der Mann Moses, manuscrit de 1934.

p194 : II. La dédicace en hébreu de Jakob Freud.

p197 : II. Freud, correspondance inédite.

p201. Post-scriptum provisoire.

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En pleine période de persécution nazie, alors que ses livres étaient brûlés sur la place publique, Freud s'est engagé dans la rédaction d'un livre étrange qui ressemblait plus à une attaque contre la tradition juive que contre ses ennemis. Il en a achevé une première rédaction en 1934, mais ne l'a publié, avec beaucoup d'hésitations, qu'en 1938. Qu'est-ce qui l'a conduit à entreprendre cet ouvrage qui a été beaucoup critiqué? Yosef Haym Yerushalmi avance une explication paradoxale : il s'agissait pour lui de répondre (peut-être inconsciemment) à une injonction de son père qui lui avait demandé, dans la dédicace de la bible familiale qu'il lui avait offerte en 1896, d'étudier la torah. Freud devait apporter sa pierre à la lutte contre l'antisémitisme, sans trahir la psychanalyse mais sans trahir non plus ce qui était pour lui l'essence du judaïsme. Tâche impossible sans doute, mais qu'il a affrontée avec courage.

Cet homme qui, au moment de son mariage, refusait toute pratique religieuse, s'est trouvé dans l'obligation d'assumer une appartenance qu'il revendiquait avec fierté, mais sans dissimuler à quel point elle lui semblait énigmatique. Il l'a fait, de manière aussi juive que psychanalytique, en posant deux types de questions.

- Qu'est-ce qu'être juif? C'est quelque chose de miraculeux, inaccessible à toute analyse. S'il est quasiment impossible d'y renoncer, ce n'est pas pour des raisons religieuses ou mystiques (car on peut être athée et rester juif), mais à cause d'une construction psychique que pour le moment la "science" (psychanalytique) ne réussit pas à saisir par des mots.

- Qui était Moïse? (autre façon de se demander ce que cela signifie d'être juif). Ici la réponse de Freud est radicale et en rupture apparente avec toute la tradition : Moïse aurait été assassiné par les Hébreux. Ce meurtre aurait été, dans un premier temps, oublié, et le monothéisme serait le retour du refoulé de cet acte inavoué. Cette thèse permet à Freud d'expliquer l'antisémitisme : les chrétiens, eux, ont avoué le meurtre. Et Yerushalmi d'ajouter : les chrétiens entretiennent une relation oedipienne avec le judaïsme pour la possession de la mère, c'est-à-dire de la torah.

A ces deux questions, on peut en ajouter une troisième : Qu'est-ce que la psychanalyse? La réponse de Yerushalmi découle des deux précédentes : c'est un judaïsme dépouillé de ses manifestations religieuses, un judaïsme sans Dieu. En pratiquant la psychanalyse, on reste dans l'orbite de la formidable force d'attraction du passé juif. On est à l'abri de la colère de Moïse, que Freud avait repérée dans le Moïse de Michel-Ange.

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Dans son livre Mal d'archive, Jacques Derrida souligne la tension entre le caractère "scientifique" des quatre premières parties de ce livre (qui respectent les règles académiques qui s'imposent à l'expert, historien et philologue qu'était Yerushalmi), et le long Monologue avec Freud qui prend la forme d'une adresse quasi filiale de l'héritier au spectre disparu. Yerushalmi prend Freud à témoin de sa propre difficulté devant une alliance qu'il assume, une communauté à laquelle, lui aussi, il déclare appartenir, bien qu'elle ne relève pas de la science, mais de l'archive.

 

 

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Formulations à partir de ce texte (les têtes de chapitre sont entre crochets) :

 

[La question ultime de toute recherche sur la religion juive restera toujours celle-ci : Qui était Moïse?]

[Freud n'est juif ni par la religion, ni par le nationalisme, ni par la langue - et pourtant il se sent profondément juif et le revendique avec fierté]

[La psychanalyse est un judaïsme dépouillé de ses manifestations religieuses, un judaïsme sans Dieu]

Dans le conflit fraternel qui oppose les juifs et les chrétiens, la tora occupe la place de la mère, épouse de dieu

Le monothéisme est le retour du souvenir de la mise à mort d'un père primitif [Moïse], sous la forme d'un Dieu unique et omnipotent éclipsant tous les autres

On ne peut pas être athée et vivre pour la vérité, car quiconque vit pour la vérité vit en Dieu

On peut interpréter la dédicace que Jakob, père de Freud, écrit en hébreu pour les 35 ans de son fils : "Tu dois revenir à l'étude de la tora, comme Moïse avec les secondes tables"

Le Moïse de Michel-Ange interprété par Freud est à la fois lui-même et son père, qui lui reproche d'avoir renoncé à la torah

Qu'est-ce qui, pour un Juif, rend irrésistible l'attrait du judaïsme? Le "sentiment intime d'une même construction psychique", qui ne se laisse pas saisir par les mots

Un Juif peut être athée sans renoncer au judaïsme

Le christianisme, religion du Fils, entretient une relation oedipienne avec le judaïsme, religion du Père

On ne peut expliquer la prédilection de Freud pour le lamarckisme que par l'énorme force d'attraction du passé juif, vécue comme héréditaire ou indélébile

Aucun autre ouvrage que "L'homme Moïse et la religion monothéiste" n'a provoqué chez Freud autant d'hésitations et de tensions intérieures

En écrivant "L'homme Moïse et la religion monothéiste", Freud obéit à l'injonction de son père : "Tu étudieras la torah" - et établit enfin avec lui de nouvelles relations

Le prophète Elie ramènera le coeur des pères à leurs fils, et le coeur des fils à leurs pères

Les Juifs n'ont jamais prétendu descendre de Moïse mais d'Abraham - et pourtant c'est Moïse qui leur a transmis le monothéisme, venu de l'extérieur

Le propre du Juif est "un je ne sais quoi de miraculeux - jusqu'ici resté inaccessible à toute analyse", auquel Freud n'a jamais voulu renoncer

Le Moïse de Freud, Judaïsme terminable et interminable (Yosef Hayim Yerushalmi, 1993, paru en anglais en 1991) [MF]

 


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YYA.1993.Yerushalmi.YosefHayim

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