L'Orlœuvre n’a ni début, ni fin, mais il est fatal qu’il y ait un ordre de composition. Qu’est-ce que la composition? On peut entendre le mot dans un sens faible, quelque chose comme une mise en ordre spontanée, non réfléchie, due aux conditions d’écriture; dans un sens plus exigeant qui suppose la visée d’une totalité, une mise ensemble, un montage; ou bien dans un sens encore plus fort où entrent en jeu des notions comme la cohérence, l’harmonie, à la manière d’une pièce musicale. J’essaie de ne pas choisir entre ces trois sens, de les laisser se déployer tous les trois, sans en négliger ni en privilégier aucun. Il n’y a jamais un seul ordre dans l’Orlœuvre, il y en a toujours plusieurs qui dépendent de l’inspiration (notion vague s’il en est), de la disponibilité des matériaux (l’expérience, les ouvrages, les films), de la construction de pensée (les choix d’écriture), et aussi de la stratégie, c’est-à-dire d’une série de décisions ponctuelles relatives à la présentation, la diffusion, la publication, etc. Souvent ces décisions ne viennent pas du signataire, mais de ceux auxquels il s’adresse.
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