Hypothèse derridéenne : "Je n'ai qu'une langue, et ce n'est pas la mienne".

Premier tour (marque) : il faut se faire entendre. C'est normal, naturel, j'ai ma langue, c'est la mienne, qui s'est inscrite de manière singulière et irremplaçable dans mon corps. Je fais acte de parole, c'est mon droit. J'en attends un événement efficace et productif - même si ce vouloir-dire n'est qu'un fantasme.

Deuxième tour (re-marque) : la langue résiste, elle prend sa revanche. Elle suit sa propre loi, qui est folle et inassimilable [mais qui peut seule conduire à une éthique]. J'en fais l'expérience : blessure, offense, trauma [c'est ainsi que Jacques Derrida lui-même a vécu son rapport à la langue française]. Mais le trauma était là depuis le départ, depuis la première trace, il rendait possible et nécessaire l'autre articulation. La langue n'en est qu'une pliure. C'est un stigmate qui se dissémine dans mon existence - dans mon martyre.