L'être séparé, qui survit économiquement par le travail, construit une intériorité à partir de la jouissance. Mais cette intériorité ne peut devenir habitat, demeure, que si autrui se révèle dans la douceur d'un visage. L'accueil du visage féminin, d'emblée pacifique, répond au désir inextinguible de l'infini. L'être séparé peut s'y recueillir, y accomplir sa séparation.

Dans la relation avec le visage, un être, par sa présence, déborde la sphère du Même (p213). Il est en face de moi, et c'est cette relation face à face qui produit l'idée de l'infini. C'est un mouvement qui part de l'autre et me met en question. L'idée de l'infini dépasse mes pouvoirs, elle me déborde. C'est une mise en cause morale, qui maintient l'extériorité de l'Autre par rapport au Même.

L'épiphanie du visage n'est pas un raisonnement. Animée par le désir métaphysique de l'absolument autre, elle est incompréhensible. Je ne saurais contenir cet autre qui me résiste sans me faire violence. Je l'accueille, dans la socialité, dans l'opposition du discours, en répondant à son expression. Cette résistance a une structure positive : l'éthique.

Nul ne sait rien de cette femme qui vivait vers 1850 (photographiée par Daguerre).