Dans la connaissance (logos), l'être est abordé d'une façon qui fait évanouir son altérité. L'être connaissant ne rencontre rien qui puisse le limiter. Sa liberté est l'identification au Même. Il renonce au désir métaphysique, qui vit de la merveille de l'extériorité. Mais l'étrangeté d'autrui est irréductible au Moi. Elle met l'exercice du Même en question. Elle invite à une éthique qui est accueil de l'Autre dans son extériorité absolue.

La raison souveraine ne connaît qu'elle-même. En saisissant l'Autre comme concept, dans sa généralité, à partir de rien, elle en fait un thème ou un objet. En le plaçant dans la clarté, elle le réduit au Même, elle lui enlève sa résistance, elle le livre au néant. C'est une grande trahison qui revient à amener un homme libre sous la domination d'un autre. C'est ainsi que procède la philosophie de tradition socratique. C'est une égologie.

L'éthique n'est pas pré-philosophique. Elle accomplit l'intention qui anime la marche à la vérité, mais sans identifier la liberté et le pouvoir (p39). On ne s'interroge pas sur l'autre : on l'interroge. Il fait toujours face. La relation avec autrui comme interlocuteur, avec un étant, précède toute ontologie. Elle est la relation ultime dans l'être.