Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
Heidegger, l'oeuvre d'art                     Heidegger, l'oeuvre d'art
Martin Heidegger               Martin Heidegger

 

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Page créée le 13 janvier 2006.

[Heidegger, l'oeuvre d'art]

   
   
   
                 
                       

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Heidegger a écrit son texte princeps sur l'oeuvre d'art, L'Origine de l'oeuvre d'art, en 1935, une date qui pourrait évoquer bien des choses n'ayant rien à voir avec la question de l'art. Dans l'Introduction à la métaphysique, écrite la même année, il évoque à de nombreuses reprises "le peuple", avec toutes les connotations que pouvait avoir le mot à cette date. Que veut dire, pour lui, l'origine de l'oeuvre d'art? "l'origine du Dasein historial d'un peuple". L'oeuvre, portée par la langue d'un peuple, l'éveillerait, lui révélerait ce qui lui est donné d'accomplir sur le fond qui est le sien, sa terre. Si ce n'était que cela, on ne le lirait même pas, mais il y a bien d'autres choses chez Heidegger.

Quand il dit que l'art, en son essence, est une origine, que veut-il dire exactement? D'un côté, c'est une question d'histoire : à chaque fois qu'une époque s'instaure, un art advient, un choc a lieu dans l'histoire [dans l'histoire de qui? Celle d'un peuple. On revient au problème précédent]. Mais ce n'est pas tout. L'oeuvre ouvre un monde. Voilà une formulation très forte. L'art n'est pas une activité comme les autres. Il a, avec l'être, une affinité singulière - ce qui pose une série de questions. Qu'est-ce que l'être pour Heidegger? Eh bien justement. On ne peut pas répondre à cette question de manière discursive, factuelle ou logique, on ne peut y répondre que par le décèlement, l'ouverture de l'être, et pour cela il faut un combat, une conquête, dont les oeuvres (et seulement elles) sont le lieu. Par la tekhnè, la mise en oeuvre de l'être, dans un étant, l'oeuvre fait apparaître l'autre, l'inquiétant (unheimlich), l'effrayant, le terrible. En tant qu'elle rejette hors de la quiétude, elle résonne avec la conception grecque de l'humain.

L'art révèle une vérité, la met en oeuvre, la sauvegarde. Ou plutôt : dans chaque oeuvre, c'est la vérité même qui est à l'oeuvre. Que veut dire ici, être à l'oeuvre? C'est instituer, faire venir à l'être, restituer une réalité, un soubassement. Et qui fait cela? C'est l'oeuvre elle-même. Ne nous trompons pas dans l'ordre des choses : ce n'est pas la création qui fait venir l'oeuvre, mais l'oeuvre qui fait venir la création. Son processus de fabrication disparaît derrière elle. Elle est là, en tant que telle. C'est elle qui fait venir les gardiens, car si nul ne répond de ce qui advient en elle (de sa vérité), il n'y a pas d'oeuvre. (Même si l'oeuvre est oubliée, il y a encore des gardiens, car l'oeuvre produit elle-même ses gardiens à venir). Seul le gardien peut maintenir, si elle est maintenue, l'ouverture de l'être.

L'oeuvre n'est pas un lieu calme, stabilisé. C'est le lieu d'un combat qui dure tant que dure l'oeuvre. En ébauchant ce qui, jusque là, n'avait été ni dit ni pensé, en développant l'inouï, les poètes, penseurs, hommes d'Etat ouvrent les failles, les distances et les espaces de l'étant. Si le combat cesse, alors l'oeuvre n'est plus qu'un objet mis à disposition. C'est ce qui arrive quand la terre résiste, quand sa réserve prévaut sur l'ouverture du monde.

Et pourtant, par l'acte singulier de se retirer en elle-même, l'oeuvre fait venir "la terre", ce matériau fermé sur soi sur lequel l'homme fonde son séjour. Il la fait sortir de sa réserve, la fait venir dans l'ouvert. Entre la chose (naturelle) et l'objet (utilité), l'oeuvre produit un écart, un espacement, un entrelacs. Elle ne met pas en valeur le matériau, elle ne l'arraisonne pas, elle ne se réduit jamais à l'affairement qui se déploie autour d'elle. Elle dévoile ce que le produit est en vérité : une chose [dévoiler la vérité de l'être, c'est selon Heidegger sauver l'homme de l'arraisonnement par la technique]. Pour dire la chose, il faut renoncer à toutes les distinctions qui relèvent de l'"être-produit" (par exemple entre la forme et la matière), il faut se tenir à l'écart de l'expérience vécue, qui est peut-être l'élément au sein duquel l'art est en train de mourir.

L'art ne peut advenir que parce que son essence est poésie, c'est-à-dire union intime avec la langue et la parole. En tant que symbole, il réunit l'oeuvre à autre chose.

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Propositions

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L'art est, en son essence, une origine

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Dans l'oeuvre d'art, c'est la vérité qui est à l'oeuvre

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Quand l'oeuvre d'art en elle-même se dresse, alors s'ouvre un monde, dont elle maintient à demeure le règne

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En se retirant en elle-même, l'oeuvre d'art fait venir "la terre" en tant que matériau fermé sur soi, qui est là pour rien

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Le décèlement de l'être - qu'on l'appelle vérité, aletheia, unverborgenheit ou ouverture du retrait - ne peut arriver que par l'oeuvre

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Dans la terre, en tant que celle qui essentiellement se réserve, l'ouverture de l'ouvert rencontre sa suprême résistance

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Tout art est essentiellement Poème : union intime avec la langue et la parole

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En tant que dévoilement producteur, l'art peut sauver l'homme de l'arraisonnement par la technique moderne

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Par la tekhnè, l'oeuvre d'art met l'être en oeuvre, dans un étant où l'autre, l'inquiétant, le retiré, apparaissent confirmés et accessibles, signifiants et intelligibles

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A la source de la vérité (aletheia, unverborgenheit), se tient, entre éclaircie et réserve, un combat originel

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Pour Heidegger, l'oeuvre d'art, la chose et le produit sont entrelacés dans une structure (stricture) où le produit se place "entre" la chose et l'oeuvre

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Heidegger interroge l'origine de l'art depuis la possibilité de sa mort

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Pour permettre à l'oeuvre d'art d'être une oeuvre, il lui faut des gardiens qui répondent de ce qui advient en elle comme vérité

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Il y a création quand la vérité s'institue dans l'oeuvre et déploie son être comme combat

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Quand l'acte de création, en tant qu'événement singulier, ressort de l'oeuvre même, alors il y a création et non production

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Par le combat de ceux qui oeuvrent (poètes, penseurs, hommes d'Etat) - ébauchant et développant l'inouï, jusque là non dit et non pensé -, l'étant devient, en tant que tel, étant

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L'art est à l'origine de l'oeuvre; et c'est l'oeuvre qui rend possibles les créateurs et a besoin des gardiens

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L'oeuvre d'art est symbole, qui réunit une chose à "autre chose"

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L'origine de l'oeuvre d'art, ceci veut dire : l'origine du Dasein historial d'un peuple

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Heidegger a projeté sur les souliers de Van Gogh son propre attachement à la terre

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La distinction forme/matière, qui sert de schéma conceptuel par excellence pour toute théorie de l'art et toute esthétique, relève de l'être-produit, et non pas de l'être-chose de l'oeuvre

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La toile de Van Gogh - une paire de souliers de paysans - est l'ouverture de ce que le produit est en vérité : une chose

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Tout l'affairement autour des oeuvres d'art n'atteint jamais les oeuvres que dans leur être-objet, pas dans leur être-oeuvre

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Peut-être l'expérience vécue est-elle l'élément au sein duquel l'art est en train de mourir

- Melissa : Ces analyses, aussi complexes que sophistiquées, n'empêchent pas Heidegger de projeter sur l'oeuvre d'art ses goûts ou préjugés. Il en est ainsi, selon Meyer Schapiro, avec les souliers de Van Gogh, dont Heidegger prétend qu'ils font apparaître la vérité dans l'être - mais cette vérité est celle du petit paysan bavarois.

 


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