La différence sexuelle n'est ni visible ni déductible, elle ne se donne pas à percevoir ni à savoir, mais à lire, à interpréter. Enigmatique, elle déborde toute expérience constative. Elle ne relève pas d'une connaissance, mais d'un témoignage.

Pour qu'il y ait témoignage, il faut une foi, une croyance, une confiance, qui engage dans un rapport à l'autre. Ce rapport est dissymétrique et incommensurable - c'est aussi un non-rapport. Le secret de l'autre ne sera pas levé. J'y renonce absolument, définitivement, infiniment.

Dès le souffle secret du premier mot, dans la solitude absolue, un tiers est là pour témoigner. Il se glisse "entre toi et toi, entre soi et soi". Il insinue la différence sexuelle dans l'espace intersticiel, entre nous, entre nous deux, entre deux. Cela ne nous donne aucun savoir. La différence reste incalculable.

Tout repose sur la confiance que le juge peut lui porter. Sur quoi se fonde-t-il pour la lui accorder, ou non, cette confiance?