Une photo prise avec retard, déclenchée avec un dispositif-retard, dans laquelle le photographe peut figurer lui-même, est déjà, comme telle, une mise en abyme. Mais quand les photos sont mises en série, les abymes se multiplient. Sur la photo ci-contre, ce sont les colonnes qui renvoient à la première photo du livre de Jean-François Bonhomme. Dans d'autres photos, ce sont les appareils (ici et là), les portraits, les monuments, les objets (ici et là), les marchés, les statues, les ruines. Cette structure de mise en abyme, dans ce livre, se généralise. Derrida soutient que c'est elle (la mise en abyme) qui fait la loi [ce n'est donc ni l'auteur, ni le photographe). On peut classer les photos en genres, les objets représentés en catégorie, mais la distribution manquera toujours de rigueur. Chaque cliché a plus d'une place.

Toute photographie est un fétiche, et la photographie fétichise à son tour son propre abîme, elle creuse les procédures réflexives. Les images sont représentées et aussi les représentations, c'est la photographie elle-même qui est photographiée.

Le Céramique, Allée des Tombeaux, Athènes. Photo J-F. Bonhomme.

On voit sur cette photo des stèles mortuaires, des colonnes. Malgré le désordre, ces stèles forment une série, un rassemblement de colonnes. La photo renvoie aux colonnes, lesquelles renvoient les unes aux autres.