Il faut distinguer entre Dieu, le nom de Dieu et le lieu de Dieu. Comment ne pas parler de Dieu? demande Derrida. C'est la question de la théologie négative. On peut parler de son nom ou de son lieu, mais tous deux sont contaminés : le nom est imprononçable, sans nom, et le lieu est atopique, sans lieu. [Pour qu'il y ait alliance, au sens théologique du terme, il faut que tous deux soient marqués du sceau du secret, même si c'est un simulacre].

On ne peut pas accéder au lieu où Dieu réside. Même dans le lieu le plus saint, il n'a pas lieu. Un lieu reste sensible, visible, intelligible, mais le lieu de Dieu est insensé, absurde, extravagant - inaccessible par la raison ou même la sagesse. C'est la folie de Dieu. Il "n'est pas et il n'a pas lieu, ou plutôt il est et a lieu mais sans être et sans lieu, sans être son lieu" (Derrida, Comment ne pas parler, in Psyche, l'invention de l'autre, II, p166). Qu'il ait lieu est la condition pour tout lieu, mais son lieu n'est pas déterminé à l'avance, il "s'institue depuis l'avenir de ce qui est promis par la promesse" (p186). La provenance du lieu est l'événement de la promesse. "Il n'est le lieu que depuis ce qui aura eu lieu - selon le temps et l'histoire de ce fugur antérieur. Le lieu est un événement" (p187). Ainsi Jérusalem est-il le lieu de l'attente, de la réalisation de la promesse.