Thèse avancée le 16 janvier 2002, environ 4 mois après le 11 septembre.

Pour Carl Schmitt, il faut faire une distinction nette entre le concept légitime du politique, celui qui s'exerce à l'intérieur du droit européen, d'Etat à Etat, et les actions dites éthiques ou humanitaires qui ne sont pas subordonnés à la souveraineté des nations. Pour lui l'humanitaire est dangereux, effrayant, hors-la-loi, voire hors humanité, trompeur, car il nie l'ordre social. L'ennemi politique ne doit pas être combattu au nom de l'humanité, c'est-à-dire au nom d'une idéologie, mais au nom des intérêts d'un Etat. Or "ce qui arrive" aujourd'hui (les crises, le terrorisme, les crimes contre l'humanité) est précisément de l'ordre de cette fiction malhonnête. Mais il ne faut pas pour autant opposer la non-souveraineté à la souveraineté, car certaines formes de souveraineté (défense du sujet, de son autonomie, de sa liberté, ou même de l'indépendance nationale pour certains peuples) méritent d'être soutenues. "Ce qui arrive", c'est ce qui n'est pas encore pensé. On n'y accède pas d'un coup, par un système d'oppostions, mais par un déconstruction "lente et différenciée", des choix complexes qui s'effectuent dans la difficulté et l'embarras.

New York, 11 septembre 2001.