Pour Aristote comme pour Heidegger, Lévinas et la tradition occidentale et judéo-chrétienne, l'animal n'a pas accès à la vérité, à la parole, à la mort. Il ne questionne pas, il n'entend pas l'appel qui, pour l'homme, est à l'origine de la responsabilité. La conséquence de cette position est que, selon eux, il n'y a pas pour l'homme de responsabilité à l'égard du vivant en général. La mise à mort des animaux pour les manger, les incorporer, n'est pas considérée comme une opération symbolique ou un crime. Le commandement "Tu ne tueras pas" suppose l'humain, il ne s'adresse qu'à lui.

Jamais l'humanisme ne sacrifie la structure sacrificielle. La pensée de Heidegger comme celle de Lévinas, qui ne pense l'autre que comme l'autre homme, le sujet, restent fidèles à un schème où les questions de la naissance, de la mort, de l'éthique, sont dominées par une onto-théologie qui limite la responsabilité, qui la cantonne à la calculabilité du droit et de la morale.