Pourquoi allons-nous au musée? Arthur Danto avance différentes motivations.

- pour acquérir un savoir formel sur l'art ou l'histoire de l'art (dans le genre de celui que déclament les guides). Sous cet angle, qui justifie parfois les investissements publics, le musée n'est pas très différent de l'université.

- pour s'informer sur la façon dont vivent ou ont vécu les gens à partir de ces documents patrimoniaux que sont les oeuvres - mais cela relève plus de l'anthropologie que de l'art,

- pour le plaisir - celui des sens ou celui du recueillement, mais c'est de plus en plus rare,

- pour en sortir transformé. Il arrive qu'un film, une pièce de théatre ou un roman ne nous laissent pas intacts - il pourrait en être ainsi des musées s'ils avaient un pouvoir de transformation, ce que parfois ils revendiquent. Mais si un tel pouvoir existe, il est modeste. Quelqu'un comme Barbara Kruger semble viser un objectif de ce type, auquel elle parvient tout aussi bien en vendant des objets revêtus de ses aphorismes dans les boutiques de cadeaux,

- que reste-t-il alors? Arthur Danto en arrive à sa propre expérience, articulée à sa théorie de la signification incarnée, ou transfiguration. Chaque oeuvre est porteuse d'un sens et d'une beauté interne. C'est cela que nous pouvons attendre d'une oeuvre présentée dans un musée - et peut-être vers cela que convergent les quatre autres motivations.

Transposition en langue française, par Lorenzo Sargendi (qui est également critique d'art), d'un tableau de Barbara Kruger.