Dans ses textes sur l'art, Hegel distingue entre la beauté naturelle et la beauté artistique. La seconde serait, selon lui, supérieure à la première, car elle serait née de l'esprit. Arthur Danto interprète cela en disant que la beauté artistique est interne à l'oeuvre car c'est un élément de signification de l'oeuvre elle-même, tandis que la beauté naturelle d'un objet lui est extérieure. Si on prend l'exemple de la célèbre oeuvre de Marcel Duchamp, Fontaine, on peut dire que la beauté de l'objet en tant qu'urinoir lui est extérieure (elle ne tient pas à sa fonction d'urinoir), tandis que la beauté de l'oeuvre conceptuelle inventée par Duchamp est interne à cette oeuvre. La beauté d'une oeuvre d'art est d'ordre intellectuel.

C'est Hegel lui-même qui commente l'oeuvre ci-contre de Raphaël, La Transfiguration. Si on la considère de l'extérieur, elle donne l'impression de montrer deux scènes indépendantes l'une de l'autre. Mais si l'on considère l'esprit de la composition, alors on comprend que les disciples ne pouvaient aider le Fils sans l'aide du Père. D'ailleurs l'un des disciples montre le Christ du doigt - et c'est cette connexion (interne) qui fait, selon Danto interprétant Hegel, la véritable beauté de l'oeuvre. Ce qui compte dans cette oeuvre est la signification que Raphaël a voulu lui donner.