Qu'y a-t-il de commun entre les différents objets des "Humanités", qu'ils appartiennent au champ académique [par exemple histoire, philosophie, droit, et même science] ou qu'il s'agisse de peinture, sculpture, cinéma, musique, poésie, littérature? Ces objets, qu'on peut appeler oeuvres (en suivant le sens courant) relèvent (toujours selon le sens commun) de la modalité du "comme si". Selon Derrida, toutes les productions symboliques ou culturelles de la tradition dite classique, [occidentale], ressemblent à des simulacres. Avec ces "oeuvres", par le travail des oeuvres, par le biais de ces idéalités discursives, quelque chose arrive, a lieu. Mais si ce lieu, comme cela se produit aujourd'hui, avec l'extension des télétechnologies et du cyberespace, si ce lieu devient virtuel, s'il perd son enracinement territorial et national, s'il devient lui-même un "comme si", que se passe-t-il? Eh bien si l'université reste inconditionnellement libre (si le professeur, par son témoignage public, ne s'enferme pas dans la contrainte d'organisation du savoir) les oeuvres qui en sont issues [et aussi les autres], loin d'être neutres, font événement, elles s'engagent dans un "oui" qui ressemble à un performatif mais qui, sans contrôle possible, est débordé par ce qui vient.