Quand on lit un texte, quand on l'interprète ou quand on en débat, on cherche à restituer son contexte de manière aussi irréprochable que possible. Mais c'est un idéal inaccessible. Déterminer un contexte, c'est le re-déterminer, et cela n'a rien d'innocent, de transparent ni de neutre : c'est un geste politique, et aussi un acte performatif, un speech act. Dès qu'on parle, inévitablement, on détermine un contexte. C'est une façon d'entrer en rapport avec l'autre.

Tout contexte est un réseau de conventions (celui de la langue ou celui de l'objectivité scientifique), et l'on peut en dire autant de l'histoire du monde, où la valeur de vérité a pris sens.

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Dire qu'"Il n'y a pas de hors-contexte" est une autre façon de dire qu'"Il n'y a pas de hors-texte" (ce qui est selon Derrida la loi du texte, une structure "a priori", inéliminable). Si le texte et le contexte, le hors-texte et le hors-contexte sont en constante interaction, il est impossible d'en exclure des éléments dits contextuels (ou accidentels, ou parasitaires, comme le fait John R. Searle dans son analyse du performatif), pour en déduire des normes.

Dans le mouvement incessant de contextualisation et de recontextualisation, texte et contexte sans sans bord; le dehors ne cesse d'infecter le dedans. La déconstruction est la prise en compte de cette infection permanente. Mais quoiqu'on fasse :

- avec ou sans déconstruction, on reste enraciné dans un contexte. On ne peut pas renoncer à ses valeurs dominantes.

- avec ou sans déconstruction, le réel apparaît dans l'expérience. Son altérité est irréductible. La référence au monde n'est jamais suspendue, elle est différance.