Parler ou écrire, c'est émettre une marque dans un certain contexte. Que devient-elle? Sera-t-elle entendue, reçue par un destinataire? Ce que Jacques Derrida appelle la structure d'itérabilité implique que tout soit possible : présence immédiate, mais aussi absence radicale d'un destinataire. Ce qui est inscrit dans la marque, sa loi structurelle, c'est que l'émetteur ou le récepteur peuvent toujours être absents. Tous les actes de langage, toutes les communications, tous les événements sont travaillés par cette possibilité. Même quand une marque semble en fait n'avoir eu qu'une seule occurrence [par exemple si je transmets à quelqu'un une note dans un but précis], elle a en droit un nombre indéterminé ou infini d'occurrences possibles [il se peut que quelqu'un découvre cette note et en fasse un autre usage]. Son itérabilité (ou structure de répétabilité) la divise et multiplie d'avance.

Loi générale : une marque se détache de l'émetteur. Elle implique son absence. Elle fonctionne au-delà de son acte présent, à un autre moment, dans un autre contexte. Dès son émission, elle se redouble, se divise, se différencie (différance), laisse s'inscrire la marque de son absence. La re-marque s'écarte d'elle, elle ne l'assiste plus en rien.