Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
La vie nue, coeur du moderne                     La vie nue, coeur du moderne
Sources (*) : Giorgio Agamben               Giorgio Agamben
Giorgio Agamben - "Homo sacer I. Le pouvoir souverain et la vie nue", Ed : Seuil, 1997, pp188, 195

 

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[Au centre de l'espace politique moderne se trouve la vie nue, dont le paradigme biopolitique est le camp, et non la cité]

   
   
   
                 
                       

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Avec le développement de ce que Michel Foucault appelait le pouvoir sur la vie (ou biopolitique), un changement majeur s'est produit, une transformation radicale des catégories politico-philosophiques. Pour Giorgio Agamben, cet événement qui fonde la modernité, cet événement décisif (p12), c'est l'implication directe du vivant dans la loi. Depuis toujours, le pouvoir du souverain suppose un état d'exception, un temps hors-la-loi pour dire la loi. L'événement moderne, c'est que l'état d'exception s'étend à toute la société, toute la vie. Les sujets pris en charge par les pouvoirs étatiques sont exclus de la décision [désormais prise par les "experts"], les corps gérés sont réduits à une "vie nue". Les hommes, jetés dans un hédonisme sans finalité, vivent dans un état d'abandon où de nihilisme où la loi, vidée de son contenu et de son sens, perd sa légitimité.

Le système de l'Etat-nation moderne est fondé sur un lien fonctionnel entre un territoire, un ordre juridique et des règles automatiques d'inscription de la vie (la naissance). Quand l'Etat décide de prendre directement en charge la vie biologique de la nation, la rupture se produit précisément au point où la vie nue s'inscrit dans l'Etat-nation, la naissance. Le peuple émerge, dans le sens moderne du mot. Il est significatif que les camps de concentration apparaissent quand de nouvelles lois sur la citoyenneté et la perte de nationalité des citoyens se multiplient en Europe, entre 1915 et 1933. Là où la vie nue ne peut plus être inscrite dans l'ordre juridique, l'état d'exception se stabilise et devient la règle. Alors, tout devient possible - le premier principe qui régit le fonctionnement du camp.

On peut appeler camp la disjonction entre la naissance et l'Etat-nation (en élargissant l'usage de ce mot). Dans les lieux apparemment différents où il se localise, le camp est la matrice cachée de la politique. Exemples : le stade de Bari où la police italienne entassait les immigrés albanais (1991), le vélodrome d'hiver où la police française rassemblait les juifs avant de les remettre aux allemands, les premiers camps où la République de Weimar regroupait les juifs des pays de l'Est (1923), les zones d'attente de l'aéroport de Roissy, les déplacements de population dans les territoires de l'ex-Yougoslavie (y compris la pratique du viol ethnique). Tous les lieux de rassemblement pour réfugiés qui rendent impossible l'inscription de la naissance dans la citoyenneté sont des "camps", c'est-à-dire des régulateurs cachés de l'inscription de la vie dans l'ordre politique. Ils sont le signe de l'impossibilité du système de fonctionner sans se transformer en machine léthale.

Cette thèse projette une ombre sinistre sur les sciences humaines telles qu'elles fonctionnent actuellement au service de la biopolitique : sociologie, urbanisme, architecture, etc... Pour s'en dégager, il faudra penser l'abandon non pas dans la loi, mais au-delà de la loi.

 

 

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Propositions

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Le souverain est celui qui décide de l'implication du vivant dans la loi; sa forme originaire est l'exception, qui capture la vie dans le droit

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Le camp de concentration est un espace qui s'ouvre lorsque l'état d'exception commence à devenir la règle

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La crise de légitimité de la loi tient à la mise au jour, comme telle, de sa forme pure : elle est en vigueur, mais ne signifie pas

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Le camp de concentration est régi par le principe "Tout est possible", où le droit se confond sans reste avec le fait

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Dans l'Etat-Nation, c'est la naissance - c'est-à-dire la vie naturelle en tant que telle - qui porte la souveraineté, au détriment du sujet devenu citoyen

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[Le totalitarisme est la conséquence ultime de la transformation de la politique en biopolitique]

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La rupture du lien automatique entre naissance et nation fait apparaître une "vie nue" prise en charge par l'humanitaire, car elle est privée de toute valeur politique : le réfugié

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Dans la modernité, l'espace de la vie nue finit par coïncider avec l'espace politique

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Le "peuple", mot qui désigne à la fois le sujet de la politique et la classe qui en est exclue, porte en lui la fracture biopolitique fondamentale que l'Occident tente d'éliminer

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[Quand l'état d'exception se généralise, délégitimise la loi, il faut un messianisme qui se libère des paradoxes du souverain et pense la dissolution intégrale de toute loi]

 


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