Derrida
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de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Un pas au - delà du Walten heideggerien                     Un pas au - delà du Walten heideggerien
Sources (*) : Derrida, nos tâches               Derrida, nos tâches
Jacques Derrida - "Séminaire "La bête et le souverain" Volume II (2002-2003)", Ed : Galilée, 2010, p358

 

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"Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002

Quand aujourd'hui le monde s'en va (constat), il faut faire venir une alliance qui, à nouveau, pourra faire monde : la nécessité, le devoir (performatif), de "te" porter

"Die Welt ist fort", Celan - Derrida 2002
   
   
   
Derrida, le performatif Derrida, le performatif
Derrida, l'alliance               Derrida, l'alliance  
Derrida, notre époque                     Derrida, notre époque    

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Derrida parle "aujourd'hui", 26 mars 2003, quelques jours après l'invasion de l'Irak par une coalition dirigée par les Etats-Unis, qui a commencé le 20 mars 2003. Il ne prétend pas que ce qu'il avance est intemporel. Dans les pages qui suivent, il développe une analyse du monde qui lui est contemporain, qui tend à justifier le privilège qu'il donne au vers de Paul Celan, Die Welt ist fort, ich muss dich tragen. Son interprétation de "Walten" et de l'"Austrag" heideggerien est elle aussi datée. Il ne s'agit pas de la différence ontico-ontologique en général, mais de la façon dont un penseur d'aujourd'hui peut en parler. Ce n'est pas pour rien s'il associe au tragen (Austrag) d'Heidegger le tragen de Celan, d'un côté un philosophe ex-nazi qui n'a nullement rompu avec la métaphysique (comme il le démontre depuis le début de cette année d'enseignement à propos de l'animal pauvre en monde), de l'autre un poète marqué pour toujours par la Shoah. Par le vers de Celan, Derrida introduit dans la logique heideggerienne un certain "Il faut", et pas n'importe lequel.

Lire la différence ontico-ontologique comme un contrat, c'est une nouveauté, même si le mot "Austrag", dans la citation d'Identité et Différence, se traduit aussi comme contrat, conciliation, règlement des différends. A partir des éléments proposés par Derrida, voici une traduction possible de la phrase d'Heidegger : "Dans l'Austrag prédomine (waltet) l'éclairement de ce qui se ferme et se voile; et par cette prédominance (Walten) se donnent (vergibt) la Survenue (Überkommnis) de l'être et l'Arrivée (Ankunft) de l'étant, qui s'écartent et se rapportent l'une à l'autre". Il s'agit dans cette citation, ainsi que dans d'autres traduites par Derrida à la fin de la séance précédente du séminaire, de l'émergence de la différence entre l'être et l'étant. Heidegger en parle sur un mode constatif, sans jamais s'impliquer lui-même dans l'analyse. En introduisant un élément performatif, en greffant autre chose dans le texte heideggerien, Derrida le transforme.

A gauche Mathilde, cette fille qui doit porter le monde de sa mère, un monde qui s'en va sans retour possible, dans le film Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky (2017).

 

 

Pour interpréter le mot Austrag, qui selon lui (p253) joue le rôle de pierre d'angle ou de clef de voûte de l'architectonique heideggerienne, à partir du vers de Celan, il faut analyser ce vers, en faire une sorte de couteau suisse susceptible de donner une autre signification à la différence ontico-ontologique.

a) Die Welt ist fort. Le monde s'en va, il va s'éloignant, il va s'en aller, à moins qu'il vienne juste de partir. En tous cas rien ne va plus, même si ce monde n'advient qu'à s'en aller, la phrase a la forme d'un constat.

b) Ich muss dich tragen. C'est une injonction, une nécessité, un devoir. Je dois me charger de toi, je le dis. Je te salue et je m'engage, je promets, je jure d'œuvrer pour ton salut. La phrase est performative, elle transforme le monde.

c) D'un côté, malgré leur hétérogénéité radicale, la proposition constative et la proposition performative s'accordent, mais d'un autre côté, il n'y a pas de lien direct entre elles. D'où vient le "il faut" ? D'une alliance. Il faut un contrat, mais pas n'importe lequel, un "contrat de différence ontologique" qui transforme, transmute le contrat (Austrag) heideggerien entre l'être et l'étant qui reste essentiellement classique.

d) Cette double proposition "inouïe" (écrit Derrida) est aussi une déclaration d'amour, de paix dans un temps de guerre. L'alliance porte à terme la naissance d'autre chose. Porte-t-elle un enfant, un monde dans lequel tous les vivants seraient portés ? D'un côté, on peut en douter quand on lit les dernières phrases de l'introduction de la dixième séance de ce séminaire (pp369-370), où ce monde qui ne se présente jamais comme tel reste sans assurance, sans autre fondement qu'un comme si, et n'arrête pas de s'en aller (Die Welt ist fort). Mais d'un autre côté, en excédant ou déplaçant le mouvement de la différence ontico-ontologique, il s'inaugure peut-être autre chose. Il faut bien que je te laisse vivre, dit Derrida, mais en te portant, en t'aidant à te porter. Avec cette aide pourraient commencer d'autres exigences, d'autres inconditionnalités.

 


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