Commentant la théorie schmittienne du politique, Jacques Derrida est "frappé" par l'absence totale de la femme ou de la soeur, leur disparition. Pas un mot sur leur action dans les résistances (contre les impérialismes, ou encore contre les nazis, ce dont Schmitt ne parle pas non plus). Parmi les "partisans", ceux des guerillas ou des guerres civiles, dans les guerres contre les ennemis politiques, il n'y a que des frères. S'il y avait une ennemie, elle brouillerait les limites rassurantes entre l'hostilité et la haine. Elle deviendrait, dit Derrida, l'ennemie absolue [ce genre d'ennemi contre lequel aucune guerre classique ne peut être déclarée]. Le politique, ce "phallogocentrisme en acte", fait silence sur la question de la femme comme sur celle de la différence sexuelle. Il fait de la femme une clandestine qui peut intéresser d'autres disciplines (la sociologie, la morale ou la psychanalyse), mais pas la théorie politique. Bien qu'il soit toujours un homme, le sujet du politique (dirait Schmitt) n'a pas de sexe. Mais alors que se passe-t-il si l'on fait le choix d'introduire la différence sexuelle dans la pensée du politique? Il faut se porter au-delà du politique, ce qui exige une mise en oeuvre de la déconstruction.