Pour qu'il y ait foi en l'avenir, il faut qu'on ne puisse pas le prévoir sur la base d'un programme machinique. Il faut qu'il soit incalculable. Alors que les religions instituées (qui sont comparables en cela à la science) supposent le sacro-saint, l'intact et l'indemne, la foi ne repose que sur une possibilité, qu'elle ne transforme pas en avenir prévisible. Le machinique ou l'automatisme sont limités à cette possibilité d'un pur savoir ou savoir-faire. Il en va autrement de ce qui n'est pas seulement une possibilité mais une prédictibilité, qui peut se manifester sous des modalités diverses [qui ne conduisent pas toutes au mal absolu] : abstraction, cloisonnement, possession, objectivation, reproduction, religion, savoir absolu ou encore violence étatique. A chaque fois qu'il y a mal absolu, on supprime la possibilité d'un à-venir.

Pour qu'il y ait un à-venir, il faut un héritage, une mémoire, une répétition. A partir d'un oui originaire, confirmé ou non, une promesse élémentaire peut être adressée à l'autre. Mais la confirmation, comme la fidélité (ou la non-fidélité), n'est qu'une possibilité. Il n'y a pas d'à-venir sans incertitude.