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Blanchot : Il faut écrire                     Blanchot : Il faut écrire
Sources (*) :              
Maurice Blanchot - "De Kafka à Kafka", Ed : Folio-Gallimard, 1981, pp34-38

 

Salome (Henry Tanner, 1900) -

Quand je parle, "je dis : cette femme", je laisse parler la mort en moi : je nie l'existence de ce que je dis et aussi de celui qui le dit, je prononce mon chant funèbre

   
   
   
                 
                       

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Selon Maurice Blanchot, la littérature a pour idéal le moment historique de la Terreur. Parti d'un vide, l'écrivain proclame son droit à la mort : le droit de renoncer à la vie banale de l'homme vivant pour affirmer sa liberté absolue. Je suis la révolution, dit-il. Quand Sade (l'écrivain par excellence) écrit solitairement dans la prison de la Bastille, c'est la banalité qui meurt. Sa liberté est dans la mort, dans la négation acharnée de la parole courante. Quand l'écrivain dit : Je meurs, sa mort n'a plus d'imortance. Il ne s'agit pas de la mort effective, mais d'un drame personnel, un drame intérieur, sans intériorité. Usant du "je" pour peut-être se mettre à la place de Sade, Blanchot écrit : "Je dis : cette femme", locution qu'il répète plusieurs fois. Pourquoi une femme? Il dispose de cette femme, elle est tout ce qu'il désire qu'elle soit, mais, comme Sade, il ne possède que des mots sans rapport avec ce qu'ils désignent. Quand "Je dis : cette femme", le thème n'est pas la femme, mais l'essence de la poésie. Il aura fallu que je supprime cette femme (la chose de chair et de sang), que je la rende absente, que je l'anéantisse, pour avoir le droit d'en parler librement. Une femme n'est plus une femme, un chat n'est plus un chat. Bien que le langage ne tue personne, la mort est réelle, elle est lâchée dans le monde par les mots, elle libère la possibilité du sens des mots.

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Cela suppose, écrit Jacques Derrida, un singulier rapport à l'autre (la femme comme l'autre) : il faut qu'il l'aborde, mais dès qu'il s'en approche, il tremble, il crève de peur, il est paralysé. En arrêt devant elle, il ne peut arrêter son abord.

"Le langage est à la fois inquiétant et rassurant. Quand nous parlons, nous nous rendons maîtres des choses avec une facilité qui nous satisfait. Je dis : cette femme, et immédiatement je dispose d'elle, je l'éloigne, la rapproche, elle est tout ce que je désire qu'elle soit, elle devient le lieu des transformations et des actions les plus surprenantes : la parole est la facilité et la sécurité de la vie. D'un objet sans nom, nous ne savons que faire. L'être primitif sait que la possession des mots lui donne la maîtrise des choses, mais entre les mots et le monde les relations sont pour lui si complètes que le maniement du langage reste aussi difficile que le contact des êtres : le nom n'est pas sorti de la chose" (Blanchot, La littérature et le droit à la mort, dans De Kafka à Kafka, p35).

 

 

En me nommant, en disant "je", je prononce aussi mon chant funèbre. La présence de mon nom se fait impersonnelle, elle me dépasse. Pour que commence le "vrai langage", il aura fallu l'expérience de mon néant. Alors seulement, quand la chose-femme ou la chose-chat ont cessé d'exister, quand ils ne sont plus vivants, le mot peut les ressusciter, mais il les ressuscite dans une position instable, inquiétante. Il faut que, dans chaque mot, le néant lutte et travaille; faire droit à cette exigence, c'est la tâche du langage littéraire.

 


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