Derrida
Scripteur
Mode d'emploi
 
         
           
Lire Derrida, L'Œuvre à venir, suivre sur Facebook Le cinéma en déconstruction, suivre sur Facebook

TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

 DERRIDEX

Index des termes

de l'oeuvre

de Jacques Derrida

Un seul mot - ou un syntagme.

         
   
Toute oeuvre est une mise en oeuvre                     Toute oeuvre est une mise en oeuvre
Sources (*) : Orlolivre : À Derrida, comment ne pas répondre ?               Orlolivre : À Derrida, comment ne pas répondre ?
Pierre Delain - "Pour une œuvrance à venir", Ed : Guilgal, 2011-2017, Page créée le 13 avril 2015 L'oeuvre allie à "autre chose"

[Ce qui est engagé dans la "mise en oeuvre", toujours indécidable (paradoxe de Gödel), appartient et n'appartient pas à l'oeuvre (paradoxe de Russel)]

L'oeuvre allie à "autre chose"
   
   
   
Un principe s'affirme, il ne se démontre pas Un principe s'affirme, il ne se démontre pas
                 
                       

On trouve dans la langue française les expressions à l'œuvre, en œuvre, ou mis en œuvre. Mettre en œuvre, c'est mettre en mouvement, mais quoi? Ce qui ne pourrait se dire ni s'énoncer sans l'œuvre. Mais cela, qui ne se dit, ni ne s'énonce, ni ne s'entend, ni ne se voit, ni même n'apparaît, est-ce dans l'œuvre ou en-dehors de l'œuvre? Le syntagme "mettre en œuvre" est porteur de cette ambiguité. Entre d'une part ce qu'on pourrait aussi nommer l'insu, ou l'invu, ou le non-dit, ou l'inentendu, et d'autre part un souscripteur (ou allié, ou signataire, ou inscripteur) fini, singulier, unique, ce qui est mis en œuvre ne dépend pas d'un contrat, mais d'une "alliance" : un rapport hétéronomique, dissymétrique, entre ce qui est caché, inaccessible, et ce qui s'écrit.

 

1. Corpus archivable et théorie des ensembles.

Ce qu'on appelle corpus, c'est-à-dire une œuvre ou un œuvre (selon le degré de dignité qu'on veut bien lui accorder), c'est aussi une archive. Mettre en œuvre, c'est archiver. On trouve, dans le corpus derridien, une analyse d'un autre corpus, celui d'Hélène Cixous, qui présente cette particularité d'avoir été légué et déposé, du vivant de l'auteur, à la Bibliothèque Nationale de France. Qu'est-ce qui, dans ce dépôt, cette archive, fait partie de l'œuvre et qu'est-ce qui n'en fait pas partie? Pour délimiter un corpus littéraire pouvant être qualifié d'œuvre, il faudrait pouvoir le distinguer des autres documents déposés à la BNF sur la base d'un critère clair. Or la définition d'une typologie se heurte à des difficultés insurmontables. Comment classer les récits de rêves, les documents, les objets, les lettres, les textes abandonnés, inutilisés? Les matériaux conservés en vue de l'œuvre sont-ils, oui ou non, dans l'œuvre? Peuvent-ils être assimilés aux textes de fiction, soit par choix argumenté de tel ou tel spécialiste, soit pour des motifs qui tiennent à leur contenu, explicite ou secret? On ne peut pas en décider, dit Derrida, c'est indécidable. Pour analyser cet étrange rapport entre un ensemble et les éléments d'un ensemble qui peuvent le déborder ou même l'englober, Derrida fait appel au paradoxe de la théorie des ensembles (dit "paradoxe de Russel") (GGGG p84). Ces éléments ressemblent au barbier qui, pour appartenir à la catégorie de ceux qui ne se rasent pas eux-mêmes, devrait se raser lui-même. Simultanément, ils appartiennent à l'ensemble (au corpus), et n'y appartiennent pas. La solution formelle proposée par Russel est de hiérarchiser les ensembles (théorie des types). Un ensemble de niveau méta ne peut pas appartenir au niveau inférieur. Mais c'est justement cette possibilité de hiérarchisation qui est interdite par la pluralité virtuelle des interprétations. Lire un corpus littéraire, c'est s'ouvrir à toute interprétation possible, et donc refuser toute interprétation.

Ce paradoxe est l'un des aspects, ou l'une des dimensions, de ce que Derrida nomme ailleurs le mal d'archive. Car d'une part, mettre en œuvre, c'est archiver, garder une archive; mais d'autre part, ce qui est archivé n'est pas dans l'œuvre - ce qui ruine toute distinction établie.

 

2. Mise en acte, mise en œuvre.

Mettre en œuvre, c'est mettre en acte. Qu'est-ce qui est mis en acte ? L'acte lui-même. S'il y avait du pur constatif (si le référent du livre ou du film existait avant lui), rien ne serait mis en œuvre. Analyser la mise en œuvre, c'est rejouer la question du performatif. Dans Limited Inc, un texte qui interroge la définition même de l'acte de langage, c’est toujours de mise en œuvre qu’il est question. L'expression est mise en italiques (cf Vers une éthique de la discussion, p257). Il y a des styles de mise en œuvre, par exemple dogmatique, oppositionnelle (Limited Inc p136), fabuleuse - du côté du «comme si», de la fable ou du faire-savoir des médias (cf La bête et le souverain Volume 1 p62) - ou fantasmatique, comme le mourir vivant de Robinson Crusoé, où ce qui est à l'œuvre est la toute puissance d'une hallucination ( La bête et le souverain volume 2 p193). Elle peut être aussi interprétative (lecture), performative dans le sens conventionnel (cf L'université sans condition p73) ou dans le sens non conventionnel. Dans ce dernier cas c’est un geste unique, un «coup», voire l'exigence performative comme telle qui est mise en jeu. En politique, la Révolution française aurait été la mise en œuvre de la promesse d'égalité et de réciprocité héritée du christianisme (Politiques de l'amitié, p292). La tâche à venir, c'est de mettre en œuvre la démocratie (ibid p339). Dans l'interpétation heideggerienne des textes grecs, ce qui est à l'œuvre, c'est le logos, un logos qui opère "avant" l'œuvre, dans le "phileîn" (ibid p373).

La mise en œuvre est une opération qui intervient dans tous les arts, et aussi ailleurs. Chaque fois, c'est la différance qui est mise en œuvre - et aussi arrêtée.

 

 

--------------

Propositions

--------------

-

Une oeuvre requiert des "axiomes d'incomplétude" : sa loi, son mal d'archive, c'est qu'elle n'est réductible à aucun corpus archivable, en aucun lieu déterminé

-

Une "mise en oeuvre" suppose des matériaux déjà disponibles en vue de l'oeuvre, pas encore en elle mais destinés à elle et donc déjà, indécidablement, secrètement, en elle

-

Légitimer de droit, en tant que telle, l'exigence performative mise en oeuvre par le langage philosophique, tel devrait être, aujourd'hui, le champ privilégié de la recherche universitaire

-

"Mourir vivant", c'est le fantasme de Robinson Crusoé comme personnage et c'est aussi une puissance à l'oeuvre dans un livre, survivance d'une alliance entre mort et vif

-

Comme la fable, l'information médiatique "fait savoir", elle produit un effet de savoir "à même" l'image ou l'oeuvre, elle accrédite un sens par une rhétorique

-

Dans leur pluralité, tous les arts sont des mises en oeuvre

-

La Révolution française a sécularisé et mis en oeuvre la promesse d'égalité et de réciprocité qui, dans l'amitié chrétienne, lie entre eux les frères

-

La tâche qui reste à venir, au-delà du droit, c'est de mettre en oeuvre la démocratie en déracinant les figures qui prescrivent une fraternité androcentrée

Pour l'acquérir, cliquez

sur le livre

 

 


Recherche dans les pages indexées d'Idixa par Google
 
   
   

 

 

   
 
     
 
                               
Création : Guilgal

 

 
Idixa

Marque déposée

INPI 07 3 547 007

 

Delain
MiseEnOeuvre

AA.BBB

DILParcours

TO.LMK

OeuvreAutreChose

CM.LLM

ArchiIncond

ID.LID

DO_MiseEnOeuvre

Rang = Omiseenoeuve
Genre = -