Derrida
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Les Juifs, historiographie                     Les Juifs, historiographie
Sources (*) :              
Yosef Hayim Yerushalmi - "Zakhor, histoire juive et mémoire juive", Ed : Gallimard, 1984, p13

 

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[Dans le judaïsme post-biblique et jusqu'au début du 19ème siècle, les Juifs n'ont presque jamais eu le souci de recueillir des événements historiques (historiographie)]

   
   
   
                 
                       

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Le paradoxe du rapport du judaisme à l'histoire, c'est que d'une part, le peuple juif est le peuple historique par excellence, celui qui a érigé la mémoire en devoir absolu, en obligation incontournable (Zakhor!), mais que d'autre part, depuis que le canon biblique a été fixé et le second temple détruit, les communautés juives ne se sont jamais préoccupées de raconter la chronique de leur propre histoire. Qui sait d'où viennent les Juifs français, comment ils ont vécu jusqu'à leur expulsion par Philippe Auguste? Qui sait comment ont survécu les Juifs d'Ethiopie, de Chine, d'Afrique du Nord ou même de Pologne? Les sources disponibles sont presque toujours extérieures à ces communautés. Pour une tradition où l'écriture, la transmission et la mémoire sont centrales, ce comportement est étrange. Alors qu'à l'époque biblique la réflexion prophétique sur le sens de l'histoire et la mémoire collective (entretenue par les rites) étaient inséparables de l'histoire vécue, tout indique qu'elles se sont dissociées dans les époques ultérieures.

Les rabbins qui ont rédigé le Talmud (entre le synode de Yavné, qui a fixé le canon biblique vers 100 après J-C et environ 500 après J-C) se désintéressaient de la chronologie, ne tiraient aucune conclusion des événements qui leur étaient contemporains, et ne racontaient pas non plus leur propre histoire. Ils n'hésitaient pas à faire appel aux légendes, aux mythes, à toutes sortes de récits mettant en relation des personnages bibliques de différentes générations, mais ils n'ont pas voulu faire le récit des grandes révoltes juives ni de la destruction du temple. Pour préserver l'avenir du peuple juif, ils ont privilégié d'autres canaux : interprétation du texte, rite, liturgie.

Les rabbins du Moyen Age ont innové dans de nombreux domaines (philosophie, science, linguistique, poésie), mais eux non plus n'ont pas cherché à garder le souvenir de leur histoire. Il a fallu attendre l'expulsion d'Espagne (1492) pour que, plusieurs décennies plus tard, une nouvelle génération d'érudits publie des récits historiques. Ils ont eu l'impression que quelque chose de radicalement nouveau s'était produit et ils ont voulu en rendre compte, mais ils n'ont guère été suivis, ni par les populations juives, ni par les rabbins.

Il faut attendre le début du 19ème siècle pour que naisse ce qu'on a appelé la Science du judaïsme en Allemagne, avec la création par Heinrich Heine, Leopold Zunz et Immanuel Wolf de la Société pour la culture et la science des juifs (1819).

 

 

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Propositions

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Alors que, dans la bible, l'historiographie coexiste avec la mémoire du passé et la réflexion sur le sens de l'histoire, ces dimensions se dissocient dans le judaïsme post-biblique

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La bible est structurée comme un récit historique, mais la littérature rabbinique l'interprète en ignorant la chronologie, sans tenir compte des événements nouveaux

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Les Juifs du Moyen Age ont innové dans de nombreux domaines (philosophie, linguistique, poésie) - mais ils n'ont pas tenté de garder le souvenir de leur histoire

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Les Juifs du Moyen Age ne cherchaient pas à saisir les événements contemporains dans leur nouveauté, mais à les interpréter dans des catégories familières

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Dans la tradition juive, la mémoire n'est pas organisée en fonction de la connaissance des événements, mais de l'identification de chacun à un passé actualisé

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Avec l'expulsion d'Espagne en 1492, les Juifs ont eu conscience que quelque chose de radicalement nouveau avait eu lieu, qui justifiait un récit historique

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Dans la mémoire juive, seuls les événements historiques transfigurés par les rites, la liturgie et l'interprétation rabbinique accèdent à la pérennité

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[Aucun historien n'a jamais parlé d'Hillel, qui a vécu à l'époque de Jésus]

 


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