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Les Juifs, historiographie                     Les Juifs, historiographie
Sources (*) :              
Yosef Hayim Yerushalmi - "Zakhor, histoire juive et mémoire juive", Ed : Gallimard, 1984, p76

 

Expulsion des Juifs d'Espagne -

Avec l'expulsion d'Espagne en 1492, les Juifs ont eu conscience que quelque chose de radicalement nouveau avait eu lieu, qui justifiait un récit historique

   
   
   
                 
                       

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Alors que, depuis l'époque biblique, les Juifs s'étaient désintéressés de l'historiographie, un changement se produit au 16ème siècle. Dix oeuvres historiques majeures sont écrites par des Juifs, généralement d'origine espagnole ou portugaise :

- Le Sceptre de Juda, de Salomon ibn Verga, 1553, plus de 40 ans après la mort de l'auteur (une suite imaginaire de dialogues liés aux persécutions);

- Le Livre des Généalogies d'Abraham Zacuto, 1566 (une histoire des grands rabbins savants);

- Le Petit Ordre d'Elijah (histoire des Turcs ottomans recouvrant une histoire des Juifs de Turquie et d'Espagne) et le Récit de Venise (histoire des épreuves traversées par l'auteur à Padoue de 1508 à 1513) d'Elijah Capsali (publiés après sa mort);

- La Consolation pour les tribulations d'Israël (dialogue entre trois figures allégoriques) de Samuel Usque, 1553;

- L'Histoire des rois de France et des sultans turcs ottomans, 1594, et la Vallée des Pleurs (histoire des souffrances des Juifs depuis la chute du Second Temple) de Joseph Ha-Kohen, 1575;

- La Chaîne de la tradition (avec des informations sur les événements historiques) de Gedaliah Ibn Yahia, 1587;

- la Lumière pour les yeux (ensemble d'essais historiques d'esprit humaniste, dont notamment une analyse critique de la Haggadah rabbinique et du calendrier juif, par un auteur qui vivait à Mantoue) d'Azariah de'Rossi, 1574-75;

- le Germe de David (chronologie détaillée de l'histoire juive et universelle) de David Gans, 1592.

Cinq de ces huits auteurs sont des exilés d'Espagne ou des descendants d'exilés. Deux d'entre eux sont ashkenazes, dont David Gans (de Prague) - mais il écrit plus tard que les autres. L'intérêt de ces auteurs pour l'historiographie a été suscité par la catastrophe ibérique, mais leurs ouvrages portent sur des sujets beaucoup plus vastes. Ils ne cherchent pas seulement à établir une chronique, ils ont l'ambition de produire une étude cohérente et continue de l'histoire juive, portant sur plusieurs siècles.

 

 

D'autres expulsions et persécutions, tout aussi terribles, avaient eu lieu auparavant (l'expulsion des Juifs de France en plusieurs étapes de 1181 à 1395, les massacres perpétrés par les Croisés). Les Juifs avaient réagi en inscrivant la mémoire de ces événements dans leur liturgie, mais aucun récit systématique n'avait été composé. Avec l'expulsion d'Espagne, les contemporains ont eu l'impression que quelque chose de radicalement nouveau s'était produit. Il ne s'agissait pas seulement de la destruction d'une communauté, mais d'un déracinement, qui semblait aussi important que la sortie d'Egypte ou la destruction du Temple. L'Europe occidentale était désormais vidée de tous ses juifs.

Cette génération d'historiens juifs a-t-elle été influencée par la culture humaniste de la Renaissance? Peut-être, mais elle avait surtout la conviction qu'elle vivait un nouveau commencement, qui justifiait la reprise des chroniques abandonnées depuis 15 siècles. Après les périodes du premier et du second temple, s'ouvrait une troisième période qui avait elle aussi une valeur. Cela justifiait qu'on ne s'intéresse pas qu'à l'histoire juive, mais aussi aux autres nations contemporaines (France, Espagne, empire ottoman et même conquête du Pérou). Il ne faut toutefois pas surestimer l'importance de ces écrits, qui ne représentent qu'une petite portion de la littérature juive du 16è siècle, et restent plus orientés vers la prophétie biblique que vers la recherche des causes. Ces textes s'inscrivent dans la tradition apocalyptique, ils ont une tonalité messianique. Les prophéties les plus désastreuses étant accomplies, la rédemption devait être imminente. Il ne pouvait être question ni de critique historique, ni de dénigrer les sages du Talmud, ni de faire appel à des sources grecques, romaines ou chrétiennes (extérieures au judaïsme).

Le regain d'historiographie parmi ces auteurs du 16ème siècle a eu peu d'influence, et aucune postérité dans le monde juif. Ce sont les cabalistes, et notamment Isaac Louria qui écrivait à la même époque, qui ont conquis les esprits. Pourquoi? Comme Gershom Scholem l'a révélé, l'interprétation mythique et mystique de l'histoire venue de la petite bourgade de Safed en Galilée était susceptible de mieux porter les espoirs messianiques.

 


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