Les oeuvres de l'art se répondent les unes aux autres. Peut-on pour autant dire qu'elles fassent système, dans un système de la peinture analogue à un langage ou à un code? C'est la tentation sémiologique, qui se heurte à plusieurs objections :

- il faudrait pouvoir établir un répertoire des unités dont jouerait la peinture (traits, couleurs, voire motifs) comme on établit un répertoire des mots du langage. Mais ces éléments obéissent à une verbalisation initiale.

- il faudrait admettre une convention reçue à l'identique par les partenaires impliqués [l'artiste, les interprètes, les spectateurs]. Mais comme le dit Benveniste, l'artiste joue librement, en toute souveraineté, des oppositions et des valeurs. Il n'a ni réponse à attendre, ni contradiction à éliminer.

De même qu'en linguistique, l'analyse porte sur les seuls énoncés mis en série, elle ne peut porter en peinture que sur la mise en série de plusieurs tableaux. Chacun d'entre eux ne relève pas d'une compétence, mais d'une performance qui ne peut se décrire qu'a posteriori. Il exprime une "vision" qui ne passe pas directement par le truchement de la langue. Chaque tableau réplique à un autre tableau en assumant son individualité. Il n'est pas fait seulement de ce qu'il dit ou croit dire, mais du jeu de questions-réponses où il est engagé, de ce qu'il affirme comme de ce qu'il exclut.

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Propositions

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