Toute image est transmise par l'intermédiaire d'un médium-support, qui est comme son corps symbolique. Image et médium sont indissociables, comme les deux faces d'une même pièce. Contrairement à ce qu'affirme la sémiologie, on ne peut pas écarter la question du corps de celle de l'image. Même l'image numérique, qui s'éloigne de toute référence ou analogie, demeure liée à nos organes corporels. Elle est soumise à des conditions techniques, sans lesquelles l'acte de perception ne peut pas être assuré. La configuration est nécessairement triangulaire : image - dispositif visuel - corps vivant.

On ne peut pas non plus réduire une image à son médium. L'image engage dans une dynamique. Elle peut devenir intérieure, être transformée en concept. Quand les iconoclastes ont détruit les médiums (les objets porteurs d'images), ces images ont cessé d'être concrètement présentes dans l'espace social, mais elles n'ont pas été supprimées (elles étaient toujours présentes dans les imaginations).

Le rapport image/médium est variable et ambivalent. Histoire du corps et histoire culturelle des images sont parallèles. On joue des pouvoirs de l'image à travers le médium, qui influe sur la séduction des sens. L'art et l'esthétique jouent particulièrement de cette ambivalence.

Si nous nous libérons de notre corps physique par la vision à distance, c'est à travers l'image et par délégation.