Pour louer ou bénir, la religion n'est pas nécessaire, mais c'est là qu'elle peut commencer.

On ne commémore ou ne bénit qu'un événement daté, apparenté à un nom propre ou à la singularité d'un idiome : une parole, un engagement, un commandement. La date s'inscrit, elle est signée, elle peut se répéter, mais cryptée ou chiffrée. L'événement ne reste intact que s'il est indéchiffrable (comme un schibboleth). Il n'a plus de témoin, sa promesse est presque intraduisible. On bénit sa date ou son nom car ils sont devenus eux-mêmes les témoins, sans qu'on sache tout de ce pour quoi et pour qui ils témoignent. Bénir ce reste, le célébrer, permet l'anniversaire, l'alliance et le retour. Une destinée s'ouvre. D'autres anniversaires viendront, dont on ne sait rien. En répétant cet événement unique, déjà oublié, ils refermeront l'anneau.