Le mode (masculin) est l'étymologie latine du mot mode (féminin) - dont dérive le moderne. Ce dernier se caractérise par la destruction de l'architecture syntaxique du discours classique et son remplacement par des phrases brèves et enchaînées. Il point chez Augustin. On le trouve chez Rabelais, puis Montaigne, ou dans le discours, à la première personne, de Descartes. C'est l'effort du moi pour maîtriser les données, tout en laissant une certaine contingence. Cette maîtrise se fait à la première personne. Elle s'adresse à un nous pour tenter de faire l'unanimité.

On peut qualifier ce mode de délibératif (p73). Les régimes de phrase et les genres de discours sont dissociés, ce qui laisse entre eux du "jeu" et préserve la possibilité que l'événement dans sa contingence soit pris en compte. Elle favorise l'imagination, les associations libres, les montages de scénarios, les simulations, la dialectique, la persuasion. Au contraire la narration traditionnelle est "totalisante" : un récit structuré ou un mythe ne favorise pas l'analyse.