La politique de la liberté exige la délibération dans laquelle chacun joue son jugement, sa responsabilité devant l'événement. Il y a différentes façons de prendre en compte l'indétermination de ce qui arrive, dont [entre autres] la terreur et la philosophie. La première se fait dans l'urgence, la seconde prend son temps.

Hegel décrit l'idéal moderne de liberté comme un négativisme. Cet idéal aboutit à la décomposition de toute objectivité singulière, toute institution traditionnelle, toute communauté qui puise sa légitimité dans son nom et son passé. La liberté absolue ne peut aboutir qu'à la terreur, car toute réalité donnée est un obstacle. Si la seule source de la loi, la seule instance normative est la volonté, nul n'est jamais assez émancipé. L'instance normative doit rester vide, toute singularité qui entend occuper cette place est soupçonnée d'usurpation ou d'imposture. Il faut supprimer la réalité car elle est un complot contre l'idée d'émancipation.