La fulgurance de l'image dialectique est la seule façon de "sauver" l'Autrefois. Ce qui [dans le passé] serait, à la seconde qui suit, perdu sans espoir, peut être retenu, remémoré. Mais le salut n'est possible qu'à condition de se servir des mots, du langage, de la pensée. Ils opèrent comme des voiles qui poussent le navire [de l'histoire]. Selon la façon dont ces voiles seront disposées, le vent les transformera [ou non] en concepts. Seul un empoignement ferme, en apparence brutal, qui fait partie du sauvetage, peut révéler une synthèse authentique.

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Par l'image dialectique, un temps qualitatif est vécu dans sa singularité incomparable (Stéphane Mosès, L'Ange de l'histoire, p208). De cette conjonction entre le passé et le présent, de cette césure, de cet instant vécu et chargé de tensions, l'historien fait surgir une constellation [d'idées] par laquelle il déchiffre le passé et écrit l'histoire.

Le présent, seule réalité incontestable, est défini comme un moment politique, celui à partir duquel les crises et les conflits collectifs sont déplacés. En partant d'une conscience suraiguë du moment présent et de la façon dont le passé se réincarne en lui, on peut lui donner une vie nouvelle. Dans ce temps privilégié du réveil, le passé est sauvé c'est-à-dire rendu actuel, arraché aux clichés.