Derrida
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TABLE des MATIERES :

                            NIVEAUX DE SENS :

                     
                     
L'oeuvre ouverte                     L'oeuvre ouverte
Sources (*) : Umberto Eco               Umberto Eco
Umberto Eco - "L'oeuvre ouverte", Ed : Seuil - Points, 1965, pp20-21

 

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L'Orloeuvre, ouverte et inachevée

[Avec l'"oeuvre ouverte", l'interprète, le lecteur, l'auditeur ou le spectateur sont invités à inventer de nouvelles interprétations, chacun selon sa vision du monde]

L'Orloeuvre, ouverte et inachevée
   
   
   
                 
                       

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Toute oeuvre d'art peut être exécutée ou interprétée diversement. Déjà Platon ou Vitruve avaient repéré l'importance de l'élément subjectif dans la réception des oeuvres. Mais à l'époque moderne, cette "ouverture" prend une autre signification.

1. L'oeuvre classique ne favorise pas volontairement l'ouverture. Au contraire elle tend à enfermer le regard dans une perspective déterminée, statique, souvent déployée symétriquement autour d'un axe central. Elle fixe de manière aussi précise que possible la signification des figures.

2. Une première rupture avec cette conception émerge avec l'art baroque, qui tend vers une indétermination de l'effet et une dilatation de l'espace. Avec ses formes dynamiques, sa recherche du mouvement et du trompe-l'oeil, le spectateur est invité à se déplacer, à échapper à la norme, à découvrir un mystère qui stimule son imagination.

3. La poésie symboliste va plus loin. Verlaine, Mallarmé privilégient le vague, le blanc, l'indétermination. Ces poètes visent le monde intérieur du lecteur afin qu'en surgissent des réponses neuves, imprévisibles, des mouvements qui se renouvellent sans cesse, comme le Livre mallarméen. L'ouverture commence à devenir intentionnelle : il faut éviter qu'une interprétation ne s'impose au lecteur.

4. L'oeuvre de Kafka est le type même de l'oeuvre ouverte. Aucun ordre du monde, aucune interprétation n'épuise ses possibilités. C'est une réserve inépuisable de significations, qui remet en question les valeurs établies et les certitudes. Rien ne vient garantir le monde de Kafka. Il est privé de centres d'orientation. L'oeuvre est une continuelle possibilité d'ouvertures, une réserve inépuisable de significations.

5. Le cas de James Joyce est l'exemple limite d'une création ouverte. Sa vie est complexe et inépuisable, et se répond dans toutes les directions. Elle échappe à toutes les lois de la poétique. Finnegans Wake est un univers achevé, et en même temps illimité, qui implique tous les espaces et tous les temps possibles, chaque noeud de signification pouvant toujours s'ouvrir à de nouvelles constellations.

6. En littérature comme en musique (Stockhausen, Bério ou Pousseur), cette indétermination devient une valeur systématiquement exploitée. Le spectateur est sollicité pour collaborer théoriquement et mentalement à la réalisation de l'oeuvre. Chaque exécution la développe sans l'épuiser. Même restituée dans sa totalité, elle reste incomplète. Cette incomplétude, avec le halo d'ouverture qui caractérise tout signe linguistique, est une composante essentielle du plaisir qu'elle procure.

7. On retrouve dans la poétique de l'oeuvre "ouverte" certaines tendances de la science contemporaine. Les rapports classiques de cause à effet (univoques et irréversibles) sont remplacés par un continuum espace-temps (Joyce), des champs de possibilité (musique contemporaine), des constellations d'événements, des modèles dont aucun n'épuise un phénomène dans sa totalité. A la place de l'opposition vrai/faux viennent des logiques à plusieurs valeurs (indétermination, discontinuités).

8. Toutefois l'ouverture de l'oeuvre ne nie pas l'action ordonnatrice de l'auteur. C'est lui qui en a fixé la règle et l'organisation. Même s'il a renoncé à l'achever, il n'a pas renoncé à son pouvoir formateur. Même si l'oeuvre est en mouvement, elle est limitée à un répertoire de formes et aux possibilités du matériau.

 

 

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Propositions

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Toute oeuvre d'art est "ouverte" en ce qu'elle peut être interprétée de différentes façons, sans que son irréductible singularité n'en soit altérée

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Il y a dans toute oeuvre d'art un message ambigu; mais les artistes contemporains ont cette particularité, qu'ils cherchent à réaliser cette ambiguité comme valeur

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Il y a dans toute phrase, même la plus référentielle, un "halo" d'ouverture, un reste qui échappe à la compréhension commune et peut être interprété esthétiquement

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Par son mouvement et son incomplétude, l'"oeuvre ouverte" renvoie à l'indétermination et la discontinuité de la physique moderne

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Le plaisir que procure une oeuvre d'art repose sur le montage d'expériences incomplètes qui éveillent, par une attente frustrée, notre tendance à l'achèvement

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L'oeuvre contemporaine, ouverte, exige du spectateur une intervention particulière, une reconstruction continuelle

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Le "Livre" de Mallarmé, Oeuvre par excellence, anticipe l'"oeuvre en mouvement" - un monde qui ne cesse de se renouveler aux yeux du lecteur

 


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