L'année 1980 a été décrétée par le gouvernement français année du Patrimoine, quelques années après la Convention internationale sur le patrimoine culturel et naturel (1972). Les années 80 et surtout 90 ont été celles de son extension et de son universalisation. Une notion de droit privé s'est imposée dans le domaine des biens culturels collectifs. On a recensé toutes sortes de nouveaux patrimoines et décliné de nouveaux usages. Depuis 1983, les journées du patrimoine attirent des millions de visiteurs. Elles ont essaimé un peu partout dans le monde. Chaque année s'allonge la liste du patrimoine universel de l'humanité de l'Unesco. En France, des entretiens du patrimoine ont été fondés en 1984, une Ecole du patrimoine en 1991, une Fondation du patrimoine en 1996. Une loi a été votée en 1993 sur le patrimoine monumental.

On semble passer d'une histoire-mémoire à une histoire-patrimoine dans laquelle le patrimoine, associé au territoire, devient le symbole de l'identité. Cette identité est à la recherche d'elle-même : à exhumer, bricoler, inventer.

Le patrimoine est moins ce que l'on a que ce que l'on est. Les exigences de conservation, réhabilitation et commémoration deviennent pour les pouvoirs publics une ardente obligation. La visibilité du patrimoine est une réponse à la crise du temps.