Dès 1895, Thomas Edison a eu l'idée du cinéma sonore. Techniquement, c'était possible, car le gramophone et le téléphone existaient déjà. Entre 1895 et 1927, des brevets par dizaines ont tenté d'associer le son et la voix. Mais on n'a abouti à une réalisation commerciale qu'en 1927, avec la sortie du premier film parlant, Le chanteur de jazz, qui utilise un procédé de synchronisation voix/image sur une durée longue. Ce procédé n'était pas parfait, et le public n'était pas encore habitué aux dissociations son/image que nous acceptons facilement aujourd'hui. D'où une certaine déception, l'impression d'une perte d'authenticité.

Dans le cinéma muet, il y a déjà des dialogues (sous forme de légendes ou d'intertitres) et du discours (l'histoire), donc de la parole. Mais ce qu'on ne peut pas entendre, c'est par exemple la voix singulière de Greta Garbo. Quand la voix arrive, elle est présence, profération, être, double de l'image, pouvoir, menace de perte pour le cinéma.