Ni dans la nature, ni dans la vie animale, on ne rencontre des frères. Pour qu'on puisse parler de frère, ou de soeur, ou de père, ou de mère, ce n'est pas sur une donnée essentielle ou substantielle qu'on s'appuie, c'est sur une fiction légale. Quelqu'un, la mère ou un autre, peut témoigner de la naissance de cet enfant. Qu'on croie ou non en la vérité de ce témoignage, il faut le distinguer d'une perception. La parenté n'est jamais un fait, c'est un acte de foi qui suppose de la loi, du nom, du symbole, de la langue, de la famille.

Le frère est toujours un frère d'alliance, un frère d'adoption. La stabilité de ce lien repose sur un serment qui donne du crédit, mais qui n'est gardé en mémoire que comme fantasme, artefact - qui peut toujours être déconstruit.

Car la fraternité se construit. Elle est le résultat d'un travail qui peut être modifié, transformé, démocratisé. On peut préférer tel ou tel type de fraternisation - tout en sachant qu'avant ou après ce changement, il n'est pas plus naturel ou intouchable que les autres.