Derrida commence le onzième et dernier chapitre de la Dissémination (intitulé Le surnombre car surnuméraire par rapport au texte de Sollers intitulé Nombres) par des bifurcations. Oedipe arrive sur un triple chemin où il assassine Laïos. A ce croisement, il est présent sans l'être. Le schéma est celui de la p33 de Nombres : un Y. On peut lire cette lettre comme une colonne qui se dédouble. D'avance, elle est en excès d'elle-même. Chaque voie devient double, triple, quadruple. Oedipe est privé de l'assistance du père depuis l'origine. Il avance en aveugle. Sa naissance a été elliptique, et rien n'a changé. Ce Y est un chiasme : faut-il poursuivre dans la différance, ou revenir vers le père inconnu? Il n'a pas vraiment le choix car, d'un côté et de l'autre, ça se dédouble. Le feu joue avec le feu, il y a démultiplication. Même s'il choisit de revenir vers le père, Oedipe doit poursuivre.

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Ce serait l'explication derridienne du meurtre du père : Oedipe est né deux fois. La première, le père assiste le fils par la parole. Lors de la seconde naissance (l'écriture) le fils est disséminé dans une surproduction incontrôlable qui fracture cette assistance. Oedipe doit rester en ce croisement qu'il ne veut pas voir. Il est aveugle à son propre aveuglement. Déjà orphelin, son être est dépendant de ce père qu'il ne peut qu'excéder.