Derrida
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Israel / Palestine : "De tout coeur"                     Israel / Palestine : "De tout coeur"
Sources (*) : Derrida, judaïsme, judéités               Derrida, judaïsme, judéités
Pierre Delain - "Après...", Ed : Guilgal, 2017, Page créée le 26 mars 2020 Essai : un singulier marrane

["Palestine" est le nom d'une dette de la tradition juive, irréparable et insolvable, qui appelle une alliance, un "vivre ensemble" sans préjugé, de tout coeur]

Essai : un singulier marrane
   
   
   
                 
                       

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La solidarité de Jacques Derrida à l'égard des Palestiniens ne fait aucun doute. Il la dit et la répète avec constance et fermeté - quoique, il faut bien le reconnaître, plutôt rarement, car le nom de la Palestine n'est pas mentionné plus d'une dizaine de fois dans son œuvre écrite. C'est une sorte de paradoxe, car d'un côté il n'y a consacré aucun texte ni article complet, et d'un autre côté cette question l'habitait, le travaillait en permanence, en profondeur. Il fallait qu'il y réponde, mais cette réponse ne pouvait pas être unique, ni uniforme.

 

1. Des mentions directes ou indirectes.

On peut citer :

- dans Glas, en 1974, une mention indirecte par l'intermédiaire de Jean Genet : "Il m’a fait savoir hier qu’il était à Beyrouth, chez les Palestiniens en guerre, les exclus encerclés", et plus loin "Je sais que ce qui m’intéresse a toujours (son) lieu là-bas, mais comment le montrer?".

- dans De quoi demain où il dialogue avec Elisabeth Roudinesco (1987) : "C’est particulièrement vrai, et parfois désespérant, autour de questions toujours tragiques et infernales : la Shoah, Israël, La Palestine, etc., bien que je ne veuille pas, une fois de plus, tout recentrer autour de ce foyer, comme s’il était seul et unique, je veux dire « plus unique » qu’un autre. Comme chaque meurtre, comme chaque blessure, tous les désastres de ce temps (exterminations, génocides, expropriations et déportations de masse, etc.) sont irréductiblement singuliers".

- dans une adresse (orale) au Parlement des écrivains de Strasbourg.

 

2. Une déclaration d'alliance avec la cause palestinienne.

Cette formulation, alliance avec la cause palestinienne, est utilisée dans une lettre du 11 janvier 1998 citée dans La contre-allée (p259). C'est une formule forte, exigeante, qui dépasse la simple solidarité à l'égard des Palestiniens. Encore faut-il l'analyser. En général, Derrida réserve ce mot, alliance, aux contrats dissymétriques, aux relations entre deux forces dont la rencontre est incertaine, difficile, voire impossible.

 

3. Une question de compassion, d'écoute, de coeur.

Lors de chacun de ses voyages à Jérusalem, Derrida a tenu à rencontrer des Palestiniens.

Dans De tout coeur, une vidéo enregistrée en mars 2002, il s'adresse directement aux Israeliens et aux Palestiniens. Alors que les lieux où il évoque la Palestine sont plus dispersés dans son œuvre, on trouve dans cette vidéo un point de vue d'ensemble, articulé dans un texte dont il fait la lecture : Nous ?. La question du vivre ensemble y est reprise sur un mode plus concret et plus engagé. Le vivre ensemble, dit-il alors, c'est une question de cœur - un mot qui introduit un décalage, une effraction dans les nationalismes en conflit.

 

4. Vivre ensemble.

Dans Avouer - l'impossible. "Retours", repentir et réconciliation, une conférence prononcée en décembre 1998 à Jérusalem à l'occasion du XXXVIIème colloque des intellectuels juifs de langue française, Derrida aborde la question Comment vivre ensemble? qui était le thème général du colloque. Vivre ensemble est un commandement très particulier, puisque ce qu'il commande à des je dont les mondes ne communiquent pas, c'est l'impossible. Chacun vit de son côté avec un prochain qui est pour lui un étranger. Les deux mots vivre et ensemble sont incompatibles, mais vivre ensemble est une promesse. Vivre ensemble, cela ne concerne pas que les proches, les voisins, les amis, les compatriotes, cela concerne aussi les animaux, les choses, les morts, les spectres, les voix passées ou à venir. La somme de tout cela n'est pas une totalité fermée, c'est une menace pour l'ensemble. Sous cet angle le conflit entre Israel est la Palestine n'est pas une exception. Aucun contrat ne peut jamais garantir un monde commun, et aucune injonction n'est suffisante pour oublier les violences originaires qui fondent l'Etat, ou cette autre violence unique (la Shoah). Pour supporter cet impossible, il faut autre chose, du cœur - un mot qui n'est pas isolé chez Derrida, on peut en faire la généalogie dans son œuvre.

 

5. De l'intérieur de la tradition juive.

Comment aborder la question palestinienne depuis la tradition juive elle-même ? C'est peut-être, pour Derrida, la question principale, celle qui lui tient le plus à cœur. On peut citer :

- Deux textes qui appartiennent au cycle de séminaires Nationalismes et nationalités : Les yeux de la langue - L'abîme et le volcan (1987) et Interpretations at war (juin 1988), auxquels il faut ajouter une intervention sur la théologie négative, Comment ne pas parler, Dénégations (juin 1986). Ces deux dernières conférences publiées dans Psyché, Inventions de l'autre, volume II ont eu lieu à Jérusalem, ce qui n'est pas sans incidence sur leur contenu.

- Deux textes qui répondent aux ouvrages d'Emmanuel Levinas : En ce moment dans cet ouvrage me voici (1980, publié dans Psyché, volume I) et Adieu à Emmanuel Levinas (1995).

 

6. Un lieu où toutes les questions se rejoignent.

Palestine, ce mot si peu présent dans les textes derridiens, est aussi le lieu où se rejoignent de très nombreuses thématiques qui traversent tous ses textes : l'étranger, l'autre, l'hospitalité, la traduction, le pharmakon, le parergon (la marge), la justice, l'exigence inconditionnelle, la perte du monde, etc. Peut-être n'est-il même pas nécessaire de l'écrire, il s'entend.

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Propositions

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Les Yeux de la langue - L'abîme et le volcan (Jacques Derrida, texte de 1987 publié en 2012) [LYDLL]

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Adieu à Emmanuel Lévinas (Jacques Derrida, 1997) [Adieu]

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"Une éthique de la mémoire", Entretien à Yad Vashem entre Jacques Derrida et Michal Ben-Naftali, réalisé en 1998, retraduit et publié en 2018 [UEM]

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"Le dernier des Juifs" (Jacques Derrida, 2014) [LDRDJ]

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Abraham, l'autre (Jacques Derrida in Judéités, 2003) [ALA]

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"De tout coeur" (vidéo de mars 2002 adressée par Jacques Derrida aux Israéliens et aux Palestiniens, suivie de la lecture du texte "Nous ?") [DTC]

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"Il faut vivre ensemble", dit-on; mais ce commandement commande de faire l'impossible

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Il faut un contrat pour faire semblant de vivre ensemble dans un même monde, mais cela ne suffit pas pour que ce soit vrai, ni pour garantir un monde commun

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Le concept de crime contre l'humanité, qui garde la mémoire de la Shoah, conditionne la mutation sans précédent qui affecte aujourd'hui le "vivre-ensemble"

 


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