Cette proposition reprend, en en modifiant la présentation, la formulation de Lévinas dans Le nom de Dieu d'après quelques textes talmudiques : "Responsabilité qui, avant le discours portant sur le dit, est probablement l'essence du langage" (p157).

Dans le judaïsme, avant même tout acte d'adhésion, toute connaissance, tout engagement, toute thématisation de Dieu, il faut obéir aux commandements. C'est une obéissance inconditionnelle, l'entrée de la transcendance par la révélation. Mais selon Lévinas, on peut la penser philosophiquement, indépendamment de l'autorité de l'Ecriture. Avant la liberté, avant l'intentionnalité, avant même l'origine, une responsabilité nous oblige à l'égard des autres. Devant elle, "je comparais plutôt que je n'apparais, répondant à une assignation indéclinable, me saisissant précisément dans mon identité non interchangeable, en appelant à moi" écrit-il.

Comment une telle obligation peut-elle s'imposer à moi, "sans commencer dans un présent", sans même commencer? Une troisième personne, une "illéité", m'ordonne le prochain comme visage. Ici, Lévinas fait intervenir le langage. Ce qui est infini, antérieur à la présence, à la manifestaion, à l'ordre et à l'être, ce qui déborde toute question, toute représentation, c'est le langage.