Derrida
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                            NIVEAUX DE SENS :

 
   
Au - delà du souverain, Paul Celan poète                     Au - delà du souverain, Paul Celan poète
Sources (*) :              
Pascual Pariselli - "L'avenir des spectres", Ed : Galgal, 2007, Page créée le 9 avril 2014

Présentation de la séance VIII du séminaire "La bête et le souverain"

   
   
   
                 
                       

 

1. Phallique.

Dans la huitième séance de son séminaire sur La bête et la souverain (20 février 2002, p297), Jacques Derrida annonce une nouvelle lecture, une autre lecture possible du Méridien de Paul Celan (discours prononcé le 22 octobre 1960, à l'occasion de la remise du prix Georg Büchner à Darmstadt), par rapport à celle qu'il avait proposée dans son livre publié en 1986, Schibboleth (sur la base d'une conférence prononcée en 1984). Cette autre lecture privilégie, dit-il, une dramaturgie de la souveraineté phallique (p297). Il s'agit de s'intéresser, dans ce texte, aux monarques, aux têtes (notamment la tête de Méduse), aux décapitations, aux marionnettes, à la majesté, et aussi à tout ce qui touche à la révolution très singulière prônée par Celan : une révolution qui "découronne la majesté" (p366), au-delà de toute majesté, donc de toute souveraineté. Dans la rencontre du tout autre, cette révolution coupe le souffle et excède le savoir. Jacques Derrida la rapproche d'un autre mot répété deux fois par Celan, unheimlich, dont on connaît les connotations à la fois freudiennes et heideggeriennes.

 

2. Une sortie de l'humain.

Le texte de Celan est abordé à partir de la première phrase, qui introduit le thème de la marionnette : "L'art, c'est, vous vous en souvenez, une espèce de marionnette, un être à cinq pieds ïambiques...". Tout se passe comme si Celan relançait la problématique introduite par Büchner sur le mode, "Qu'est-ce que l'art?", ou "Qu'est-ce que la poésie?", mais très rapidement cette problématique est décalée et remplacée par une autre. Pour Büchner, si l'art est une marionnette (un Quoi, tiré par les ficelles du marionnettiste), s'il ne reflète pas la vie (un Qui), alors il faut s'en détourner. Mais les choses sont plus complexes, avance Celan. Büchner lui-même, dans Lenz, précise que devant le beau spectacle de deux jeunes filles, il faudrait se transformer en tête de Méduse pour mieux les voir. N'est-ce pas introduire, dans sa propre conception de l'art, la pétrification de la marionnette? Et quand le même Büchner fait crier à Lucille, dans La Mort de Danton, "Vive le roi!", n'est-ce pas introduire une profération absurde, irréductible au calcul politique, une sortie hors de l'humain? Pour Celan, l'art est au moins double. Interprétant cette duplicité, Derrida le fait osciller entre deux fables qui se croisent (deux récits également susceptibles de faire croire en une vérité), celle du Qui et celle du Quoi. Mais l'un comme l'autre, que ce soit à la façon de l'artiste ou du M. Teste de Valéry, refoule l'étrangeté indécidable qui insiste en lui, cette étrangeté qu'on peut nommer "unheimlich", "marionnette", ou encore "bêtise".

 

3. D'une date à l'autre.

En quoi la lecture de 2001 diffère-t-elle de celle de 1984? Jacques Derrida donne une piste : le 20 janvier. L'interprétation de Schibboleth était axée sur la question de la date. Celan insiste sur la première phrase de la nouvelle de Büchner : Le 20 janvier, Lenz traversait la montagne. C'est un événement qui arrive une fois (en 1776), une seule, et qui, comme tout ce qui est unique, résiste à la pensée. Pour le Derrida de 1984 qui prolonge cette remarque de Celan, l'essence du poème est la date. Soustrait à la répétition, il s'adresse à une autre date, imprévisible et inconnue. En 2001, Derrida ajoute que cette mise en oeuvre de l'unique, cette mise à l'écart de la généralité, est aussi une résistance au souverain. Il s'appuie pour cela sur un autre 20 janvier qu'il a découvert entre temps, grâce à Jean Launay : le 20 janvier 1942, date de la conférence de Wannsee à Berlin qui a décidé de la "solution finale". Celan ne pouvait pas ignorer cette date anniversaire d'un "crime contre l'humanité, d'une décision souverainement, arbitrairement génocidaire" (Derrida, La bête et le souverain, p301). Cet élément supplémentaire, pour l'auteur de Schibboleth, introduit à une nouvelle problématique, une nouvelle interprétation du Méridien.

 

 

 

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