Dans "Cryptonymie, le Verbier de l'Homme aux loups", Nicolas Abraham et Maria Torok repèrent chez Sergueï Constantinovitch Pankejeff un mot, tieret, un mot refoulé, fétichisé dans l'inconscient, et en même temps présent par ses allosèmes ou cryptonymes dans le moi. Qu'est-ce que cette crypte? demande Jacques Derrida. Un lieu clos, où ce qui est mis à l'abri n'est pas une intériorité, un for intérieur, mais une extériorité, un autre, un dehors exclu. Il faut des cloisons, des clôtures, des parois pour séparer cette chose, pour l'isoler, la protéger, la tenir secrète, pour s'en garder en la gardant en un lieu artificiel, un artefact [on retrouve ici les thèmes derridiens du pharmakon et de l'auto-immunité].

La crypte ne se présente jamais comme telle, mais par ses défauts, ses failles, par effraction. Construite dans la violence, elle ne se pénètre que par les failles de ses parois (par une autre effraction). Nicolas Abraham et Maria Torok en tentent une restitution par association des mots et du sens, ils la repèrent par les souffrances du patient, par les traces de sa jouissance interdite.

Est-elle hermétique, cette crypte? Derrida répond par "oui et non" : "elle ne constitue son secret qu'à le partager d'une fracture". Construite dans la violence, dans le silence, par un traumatisme, elle encrypte aussi ses contradictions, ses souffrances et sa jouissance interdite.