Dans le film D'ailleurs Derrida, Jacques Derrida associe à plusieurs reprises la circoncision et l'excision. Mais ce n'était qu'une improvisation, tient-il à préciser - et sa parole, pendant le film, répondait à l'insistance de la réalisatrice Safaa Fathy autour de la différence sexuelle. Mais il tient maintenant à dire qu'il ne faut pas les mettre sur le même plan. La coupure, dans le cas de la circoncision, n'est pas une mutilation, c'est :

- un acte, un faire - une blessure qui marque le corps une fois unique, comme on signe une oeuvre. Un film, par exemple, est une coupure; c'est même un art de la coupure qui ne montre que ce qui a été coupé, qui sépare, sans retour possible, ce qui a été monté du reste, resté secret;

- une alliance dissymétrique qui soumet à la loi (existe-t-il des contrats symétriques? Probablement pas. même quand il y a accord, comme par exemple quand un acteur joue dans un film, il n'y a pas de symétrie entre l'acteur et le réalisateur);

- une expérience universelle, l'abandon de ce qui pour chacun est son propre, son idiome absolument singulier. On ne peut pas se réapproprier ce qui a été coupé (lors de la circoncision).

La circoncision est une coupure, mais elle ne coupe pas, elle laisse vivre (comme un film). Il s'agit d'une violence, mais complètement différente de celle de l'excision, historiquement et culturellement.

Cette figure de la circoncision (de Jesus) a été "coupée" du Retable des douze apôtres, peint vers 1466 par Friedrich Herlin de Nördingen, et conservé à l'église de Rothenburg (Allemagne).